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le rôle central du bureau de l’Assemblée, pour la première fois aux mains de l’opposition – Libération

L’instance du Palais-Bourbon est notamment chargée d’évaluer la recevabilité des propositions de loi ou de décider des sanctions prises contre les députés. Elle se réunit mardi 17 septembre pour examiner la résolution des Insoumis visant à destituer Emmanuel Macron.

C’est à la fois l’organe collégial le plus élevé de l’Assemblée nationale et le moins visible. Composé de vingt-deux membres, le bureau gère l’organisation et le fonctionnement interne de l’institution. Un lieu du pouvoir parlementaire, toujours à huis clos et aux mains de majorités successives depuis 1958. Jusqu’à cette nuit agitée du 19 au 20 juillet 2024. Après quatorze heures de vote, les députés du bloc central, alliés à la droite pour la répartition des postes clés, avaient en effet été battus par la gauche. S’étant endormis, les macronistes ont vu des postes de secrétariat leur échapper. Résultat : l’instance décisionnaire penche désormais majoritairement du côté du Nouveau Front populaire, qui compte douze élus. Le Rassemblement national, lui, est absent. « Une présidente minoritaire de l’Assemblée devant son bureau est une énième bizarrerie dans cet hémicycle fragmenté.note Philippe Quéré, collaborateur parlementaire et auteur de l’ouvrage 49.3, 47.1, 40… Le contre-pouvoir en danger (éditions Max Milo, 2023). Nous allons pousser la réglementation jusqu’à ses limites.

« Lieu d’interprétation du règlement »

Le bureau se réunit pour la première fois de la nouvelle législature ce mardi 17 septembre à 9h30. Au programme de cette première réunion : examiner la proposition des Insoumis d’engager la procédure de destitution du président de la République. Les membres du bureau devront juger de sa recevabilité, avant de la transmettre éventuellement à la commission des lois. Majoritaire au sein de l’instance, la gauche peut théoriquement engager cette procédure, régie par l’article 68 de la Constitution. Un tel geste donnerait le ton à ce que pourrait faire une majorité de gauche au bureau de l’Assemblée pendant un an – les postes étant remis en jeu chaque année en octobre, sauf pour la présidente, Yaël Braun-Pivet.

L’évaluation de la recevabilité des projets de loi constitue l’une des missions principales du Bureau. « Sur ce sujet, les débats peuvent être sans fin. »note Philippe Quéré. Au printemps 2023, l’ancienne majorité macroniste et les oppositions s’étaient disputées un texte du groupuscule indépendant Liot, visant à abroger le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Le président de l’Assemblée avait alors dégainé l’article 40 de la Constitution, qui empêche les parlementaires de déposer des amendements ou des propositions de loi créant des charges supplémentaires sans être dédommagés financièrement. A l’époque, les oppositions avaient dénoncé une « Un précédent dangereux pour la démocratie ». Pour Philippe Quéré, le bureau de l’Assemblée est « un lieu d’interprétation des règles. Une majorité au pouvoir se retrouve donc avec beaucoup de pouvoir à cet endroit. Jusqu’où ira cette marge d’interprétation ? »

Aucune instance d’appel

Outre ce rôle stratégique d’évaluation de la recevabilité financière des propositions de loi et des amendements (uniquement à la demande du président de l’Assemblée), le bureau veille également à l’application du règlement. C’est lui qui décide des sanctions infligées aux députés lors d’incidents de séance. Tombées à pic lors de la dernière législature, visant notamment des députés LFI comme Sébastien Delogu, les sanctions pourraient être plus souples avec une majorité de gauche. « Même une sanction est sujette à discussion et à interprétation »note Philippe Quéré. Et elle ne peut être contestée, l’Assemblée nationale n’ayant pas d’instance d’appel.

Dans les salons de la présidence de l’Assemblée, à l’hôtel de Lassay, où il se réunit environ tous les deux mois, le bureau surveille aussi d’éventuelles incompatibilités avec le mandat des députés. L’instance peut aussi saisir la justice en cas de faux témoignage devant une commission d’enquête parlementaire. Côté pratique, les six vice-présidents se partagent les délégations suivantes : activités internationales, transparence et représentants d’intérêts, presse et communication, statut du député, groupes d’études et patrimoine. Tout ce qui touche à la vie quotidienne du Palais-Bourbon est ainsi examiné par les élus du bureau, de la nomination du déontologue aux tenues autorisées dans l’hémicycle, en passant par le calendrier des commémorations ou les dépenses de mandat des députés. Autant de sujets sur lesquels l’alliance de gauche, désormais majoritaire, ne se laissera pas berner.

Cammile Bussière

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