Le roi Felipe VI d’Espagne et son épouse, la reine Letizia, sont arrivés dimanche 3 novembre à Paiporta, près de Valence (Est), l’une des villes les plus endeuillées par les inondations qui ont ravagé cette semaine le sud-est du pays, provoquant au moins 217 morts, selon un dernier bilan.
Accompagnés du Premier ministre Pedro Sanchez, ils ont été accueillis par des cris de« des assassins ! » » par une foule en colère qui jetait de la boue sur le cortège. L’hostilité de ces habitants est particulièrement dirigée contre le président conservateur de la région de Valencia, Carlos Mazon, et le chef du gouvernement socialiste. «Mazon démission!» », « Combien de morts ? » »» a crié la foule qui accusait les autorités d’avoir envoyé mardi un message d’alerte téléphonique tardif aux habitants, alors que les services météorologiques avaient placé la région en alerte rouge dans la matinée.
Samedi, Carlos Mazon a annoncé une batterie d’aides économiques et promis le retour de l’ordre, tandis que des actes de pillage ont été signalés dans plusieurs magasins, entraînant l’arrestation de 82 personnes. « Il y a des gens qui se sentaient peut-être seuls, impuissants, sans protection »a reconnu l’élu. Mais « nous allons aider tous les ménages » qui en ont besoin, dit-il. « Nous sommes confrontés au défi de notre vie et nous allons trouver les solutions. »
Au total, 213 personnes sont mortes rien que dans la région de Valence, trois en Castille-la-Manche, où le corps d’une sexagénaire disparue mardi a été découvert dimanche matin, et une en Andalousie.
Les autorités s’attendent à ce que le bilan s’alourdisse encore à mesure que les épaves de voitures entassées dans les tunnels et les parkings souterrains des zones les plus touchées seront méthodiquement examinées. « Il reste encore des rez-de-chaussée ou des garages, sous-sols et parkings inondés à déblayer et il est prévisible que des personnes décédées se trouvent dans ces espaces »a déclaré le ministre des Transports, Oscar Puente. Selon lui, le bilan a relativement peu évolué depuis quarante-huit heures car les secours ont d’abord exploré «des zones plus accessibles».
Réhabilitation des routes et des infrastructures
La visite de Felipe VI et Pedro Sánchez intervient alors que l’agence météorologique espagnole (Aemet) a émis une nouvelle alerte orange aux fortes pluies dans la région de Valencia, en particulier dans l’agglomération valencienne et dans la province de Castellón, où 100 litres d’eau par carré mètre (soit 10 cm) pourrait occasionnellement tomber.
Une alerte rouge a également été émise pour la province d’Almeria, en Andalousie (Sud), en raison de « des pluies torrentielles » susceptible de provoquer des inondations, selon Aemet, qui recommande aux habitants de ne se déplacer qu’en cas de « stricte nécessité ».
Samedi, Pedro Sanchez a annoncé l’envoi de 5.000 militaires supplémentaires pour venir en aide aux victimes et participer à la recherche des disparus, portant leur effectif total à 7.500, soit le « Le plus grand déploiement de forces armées jamais réalisé en Espagne en temps de paix »selon lui. A ces militaires s’ajouteront 5 000 policiers et gardes civils chargés de soutenir leurs 5 000 collègues déjà sur le terrain, des renforts très attendus dans certaines localités confrontées à une situation chaotique.
Si les chances de retrouver des survivants diminuent, la priorité des secours reste la recherche des disparus, avec la restauration des routes et des infrastructures pour permettre l’acheminement de l’aide et le rétablissement des services essentiels. Selon les autorités, plus de 2 000 voitures et camions endommagés ont déjà été évacués. L’électricité a également été rétablie pour 94 % des habitants qui en étaient privés.
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Selon Aemet, dans certaines localités l’équivalent « d’une année de précipitations » dans quelques heures. Ce déluge est lié à un phénomène de « goutte froide », une dépression isolée en haute altitude qui provoque des pluies soudaines et extrêmement violentes qui durent parfois plusieurs jours. Ce phénomène météorologique, assez courant en automne sur la côte méditerranéenne espagnole, est très probablement aggravé par le réchauffement climatique, selon les scientifiques.