Le RN tend un piège à la droite et aux amis d’Édouard Philippe
Avec son projet de loi visant à abroger la réforme des retraites, le Rassemblement national tend un piège à la gauche, mais il tend un autre piège à la droite en voulant rétablir les peines plancher.
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Les troupes de Marine Le Pen veulent jouer avec les nerfs de leurs adversaires le 31 octobre, date à laquelle le RN aura la mainmise sur l’agenda de l’Assemblée via son « niche parlementaire »Le groupe RN se défend d’en faire un festival d’embûches, et préfère parler d’une « festival de mesures attendues par les Français ».
Les députés du RN comptent déposer une proposition de loi visant à rétablir les peines plancher, des peines plancher pour les récidivistes, notamment lorsque des forces de l’ordre sont agressées. Le RN n’invente rien puisque c’est Nicolas Sarkozy qui a instauré les peines plancher en 2007, avant qu’elles ne soient supprimées par François Hollande.
La question se posera donc pour la droite de voter ce texte. D’autant que le rétablissement des peines planchers figure noir sur blanc dans le pacte législatif présenté par le groupe de Laurent Wauquiez cet été, ces mesures auxquelles la droite s’attache à tout prix dans la nouvelle mandature. Alors que faire face à la proposition du RN ? « C’est une bonne question », C’est la réponse du groupe Droite Républicaine, nouveau nom des LR au parlement. Depuis que Laurent Wauquiez a pris les rênes du groupe, il n’y a, à ce stade, aucune doctrine sur l’opportunité de voter ou non un texte du Rassemblement national. Certains députés de droite ne se voient pas voter un texte d’extrême droite, d’autres assurent n’avoir aucune inquiétude. « Il est souvent arrivé que nous votions sur les textes d’un autre groupe reprenant nos propositions, rappelle un élu, mais il faut voir les détails du texte de la RN ».
Les élus imaginent une autre façon de sortir du piège : « un projet de loi global sur la sécurité ». Un projet de loi émane du gouvernement, quand les projets de loi sont d’origine parlementaire. Ils renvoient ainsi la balle au futur gouvernement de Michel Barnier, où LR espère s’assurer des positions régaliennes pour mettre en œuvre une politique de fermeté.
Ce projet de loi du RN va également poser des questions aux troupes d’Édouard Philippe. « La RN publie délibérément les textes les plus agaçants possibles », peste un cadre d’Horizons, car le groupe avait défendu, en vain, un projet de loi visant à rétablir les peines plancher au printemps 2023. Ce texte s’était heurté au refus du gouvernement et de l’ancienne majorité. Chez Horizons, la stratégie à adopter n’est pas encore décidée. Un proche de Marine Le Pen entend en tout cas mesurer à cette occasion « le degré de sectarisme » de l’un et de l’autre, alors que le RN avait soutenu la tentative des amis d’Édouard Philippe.