LUDOVIC MARIN / AFP
Jordan Bardella et Marine Le Pen reviennent sur certaines mesures sociales du RN.
POLITIQUE – Après l’opération de dédiabolisation, lancée avec un certain succès, le Rassemblement national (RN) passe à la phase de crédibilité. L’objectif est désormais de rassurer les entrepreneurs, les marchés et les employeurs, dont certains sont effrayés par un programme économique qu’ils jugent trop favorable aux salariés. Dans la lignée des déclarations pro-entreprises de Jordan Bardella, le RN a présenté le 14 septembre son livret économique.
Et ce qui est frappant, c’est le retrait de plusieurs mesures étiquetées « sociale « À commencer par la réforme de l’assurance chômage, que la CGT qualifie de « La réforme la plus violente de tous les temps » en ce qu’elle prévoit un nouveau serrage de vis et un contrôle accru des chômeurs. Le RN ne propose plus de l’abroger. Lors de la campagne législative, Jordan Bardella assurait encore qu’en cas de victoire, il reviendrait sur cette réforme « injuste ». C’était il y a seulement trois mois. Et ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Le même sort était réservé à la proposition de baisse de la TVA sur les produits énergétiques (gaz, électricité, fioul, carburants…). Le RN en avait fait une mesure phare ; il s’agissait de redonner du pouvoir d’achat aux ménages les plus modestes, au prix d’une baisse importante des recettes pour l’État. Compte tenu de l’augmentation exponentielle de certaines factures énergétiques depuis deux ans, la proposition avait de quoi plaire.
Et pourtant, il n’apparaît pas dans les 35 pages présentées le week-end dernier. Un dirigeant du RN justifie en Avis : « Nous ne voulions pas que cela étouffe le livret »Il en va de même pour l’emploi des seniors : le parti d’extrême droite entend faire des plus de 55 ans des « travailleurs indépendants ». travailleurs protégés « Plus maintenant. Reste l’abrogation de la réforme des retraites, que le RN a prévu d’inscrire dans sa niche parlementaire. Ou plutôt : » réformer les retraites dans une logique de performance économique et de justice sociale « .
Ligne sociale ou pro-business ?
En revanche, toute une série de mesures favorables aux employeurs sont maintenues en bonne place : réduction des impôts de production sur les entreprises, via la suppression de leur taxe foncière (CFE), exonérations de cotisations pour les entreprises qui augmentent les salaires de 10 %, création d’un fonds souverain… » J’entends faire connaître la réalité de notre programme et mettre fin à ce malentendu sans fondement qui se fonde sur des caricatures de notre programme économique, ce qui est raisonnable. »Bardella l’a déclaré en décembre au salon des PME à Paris.
Pendant longtemps, le parti à la flamme s’est focalisé sur l’objectif de conquérir un électorat populaire et ouvrier. Une stratégie qui lui a permis de rafler, par exemple dans le Pas-de-Calais, 10 circonscriptions sur 12 aux dernières législatives. Mais ce » en même temps » (qu’on a vu exploser au visage de Jordan Bardella au sujet de la réforme du RSA) à cheval entre une ligne sociale et pro-business, est-ce tenable sur le long terme ?
Il faut noter que les changements économiques et sociaux annoncés le week-end dernier n’ont pas été beaucoup mis en avant. Lors de leurs passages télé ou radio, les cadres du RN n’ont pas été spécifiquement interrogés sur le livret. Il ne s’agit pourtant pas d’un sujet mineur. Les proches de Marine Le Pen ont fait une rentrée discrète. Ils savent qu’ils n’ont pas besoin d’être très présents sur la scène politique et médiatique, préférant rester deux pas en arrière, à l’abri des polémiques. Le grand meeting de rentrée l’an dernier à Beaucaire (Gard) a, cette année, laissé place à un meeting de rentrée dans un sous-sol de l’Assemblée. Le lieu idéal pour amputer son projet de plusieurs propositions phares.
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