Le Premier ministre Michel Barnier a tenu à rassurer mardi Marine Le Pen sur l’appartenance du RN à « l’arc républicain », après les propos du ministre de l’Economie Antoine Armand.
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C’est le premier psychodrame entre le gouvernement Barnier et le Rassemblement national, et sans doute pas le dernier. Mardi 24 septembre, le Premier ministre Michel Barnier a dû décrocher le téléphone pour appeler Marine Le Pen et ramener au pas son ministre de l’Economie. Quelques heures plus tôt, Antoine Armand avait semblé fermer la porte à toute discussion avec le parti d’extrême droite, lors d’une interview sur France Inter. Bercy a alors rectifié le tir en indiquant que le ministre rencontrerait prochainement l’ensemble des forces politiques.
Ces précautions prises par le Premier ministre en disent long sur la nervosité du gouvernement à l’égard du RN, surtout au vu de la rapidité avec laquelle le gouvernement a réagi et l’a fait savoir. Michel Barnier ne peut pas se permettre de s’aliéner le Rassemblement national, simplement parce qu’il est sous la menace permanente d’une motion de censure. Telle est l’équation des prochaines semaines, voire des prochains mois si tout va bien pour le gouvernement.
Officiellement, pour le RN, l’incident de mardi est clos. « On ne joue pas avec une motion de censure »« Nous sommes en train de nous opposer à la politique de la coalition au pouvoir », a déclaré mercredi matin le député de la Somme Jean-Philippe Tanguy. C’est désormais la ligne de Marine Le Pen : le Rassemblement national n’ajoutera pas de l’instabilité à l’instabilité en faisant tomber le gouvernement à la première occasion.
Mais le parti ne cède pas. Sur le fond comme sur la forme, le député Kevin Mauvieux estime qu’une première ligne rouge a été franchie. : »Il ne faut pas qu’il trébuche trop longtemps comme ça parce que ça pourrait devenir dangereux pour le gouvernement. Maintenant, combien de temps cela va-t-il durer ? Cela dépendra d’eux. Comme nous l’avons dit depuis le début, nous avons des lignes rouges, des mesures qui nous semblent essentielles – le pouvoir d’achat, l’insécurité, la lutte contre l’immigration… »
« Nous attendons de voir le discours de politique générale, nous en saurons plus après. Nous avons toujours dit que le gouvernement Barnier était surveillé par le Rassemblement national, les électeurs et les Français », a-t-il ajouté. précise le député de l’Eure.
« Pour l’instant, nous ne traitons que des propos malheureux. Mais s’il y a des actes malheureux derrière, nous ne nous priverons pas de censure. »
Kevin Mauvieux, député RN de l’Eureà franceinfo
« Cet incident est une goutte d’eau dans un océan qui débordera à un moment donné », Un autre député affirme que la censure finira par tomber. La question est de savoir quand ? « Probablement pas dès que le budget sera examiné.a confié un responsable du parti. Mais nous ferons des rapports d’avancement réguliers pour savoir si nous appuyons ou non sur la gâchette.
Mais mathématiquement, le RN ne peut à lui seul faire tomber le gouvernement. Même en comptant ses alliés, notamment les Ciottistes, le parti compte 142 députés à l’hémicycle, soit la moitié de la majorité absolue qui compte 289 députés. Pour que le gouvernement tombe, il faudrait que le Rassemblement national ajoute ses voix à celles de la gauche et du Nouveau Front populaire.
Dans cette configuration, deux scénarios sont possibles. Soit le Rassemblement national dépose une motion de censure et les députés de gauche la votent, scénario peu probable en raison du cordon sanitaire avec l’extrême droite, qui résiste encore à l’Assemblée. Soit – et c’est ce qui risque de se produire – le Rassemblement national décide de voter une motion de censure déposée par un autre groupe et soutenue par la gauche. A ce moment-là, le gouvernement aura de quoi s’inquiéter.