Le RN entretient le flou sur son programme et cherche à rassurer
Le Rassemblement national entend se montrer rassurant en cas d’adhésion à Matignon, quitte à rester flou sur son programme et une éventuelle abrogation de la réforme des retraites, un point de friction avec son nouvel allié Eric Ciotti.
« La réforme des retraites sera abrogée dès l’automne »: dans un entretien au Parisien publié lundi soir, Jordan Bardella s’est montré catégorique, après plusieurs jours d’hésitation.
» Nous verrons « il a encore éludé la semaine dernière, jugeant le sujet » important « mais non « priorité »le reléguant à « une seconde fois » d’un éventuel exercice gouvernemental.
Le zigzag illustre les contorsions du parti à la flamme, désormais allié au président de LR Eric Ciotti et qui a opéré un rapprochement avec l’ex-zemmouriste Marion Maréchal, deux figures qui s’étaient prononcées en faveur de la réforme menée par le Borne. gouvernement et dont les accents libéraux contrastent avec la ligne économique du Rassemblement national.
Lundi soir, M. Ciotti a également estimé sur le 20 heures de France 2« il (n’a pas été) dit que la réforme des retraites serait abrogée »se référant à « une marge de manœuvre qui sera donnée » par un audit des finances publiques. « C’est le RN qui mène cette coalition »répondit sèchement M. Bardella.
Avec quel programme ? Le parti avec la flamme a dû publier son « livret économique »un vade mecum destiné à compiler et mettre à jour ses propositions en la matière.
Interrogée la semaine dernière sur TF1 sur son intention de le rendre public, Marine Le Pen a répondu « nous pourrions le faire… »un conditionnel sous la forme d’une réponse négative, disant je veux « concentrer (ses) efforts sur des propositions très claires ».
Mais, tempère-t-elle, en cas de victoire aux élections législatives anticipées du 7 juillet, « on serait en cohabitation, c’est à dire dans un cadre contraint par la Constitution » Et « contraint également par la situation budgétaire désastreuse laissée par Emmanuel Macron ».
La précaution a un double objectif. D’abord pour éviter un risque de déception, alors que le parti s’est longtemps présenté comme un contestataire, promettant de renverser la situation comme d’autres le préconisaient lors du grand soir.
Alors, paradoxalement pour les mêmes raisons, il s’agit de » rassurer « l’électorat, les propositions du RN étant jugées « pas crédible » par 68% des Français, selon un sondage OpinionWay publié samedi.
» Long « Et « cher »
« On ne cherche pas à rassurer, c’est plutôt Macron qui cherche à inquiéter »» conteste le candidat RN Jérôme Sainte-Marie, qui conseillait jusque-là le parti en tant qu’enquêteur.
« Cela se passera très bien en réalité », ajoute celui qui fait d’ailleurs partie de ceux qui freinent toute ruée vers l’abrogation de la réforme des retraites. « Cela prend du temps, cela peut être coûteux et inquiétant pour les partenaires ou les investisseurs. Les comptes publics sont un dossier assez lourd à manœuvrer, donc cela ne fait pas partie des choses à faire dans l’immédiat. »a-t-il expliqué lundi à l’AFP, ajoutant à la confusion.
Après une semaine noire à la Bourse de Paris, Jordan Bardella insiste désormais sur le fait qu’il est « extrêmement réaliste quant à la situation financière du pays »disant qu’il voulait «exposer (son) sérieux budgétaire».
Mais comment financer la baisse de la TVA à 5,5% sur l’énergie ? Enlèvement de « niches fiscales » et une réduction de 2 milliards d’euros de la contribution de la France au budget de l’Union européenne, répond le futur Premier ministre.
Il a également décidé de reporter la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité jusqu’à « une seconde fois ».
Au-delà de l’économie, cette volonté de rassurer s’était déjà exprimée la semaine dernière à propos des JO : Jordan Bardella avait alors promis que s’il arrivait au pouvoir, il ne le ferait pas. « ne modifierait pas » LE » appareil « de Paris 2024, affirmant qu’il accorde « confiance totale dans les services de l’État ».
Mardi, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le président du RN a encore taclé le terrain sociétal, face à « l’extrême gauche (qui) cherche à revendiquer le monopole de la défense des droits des femmes ».
Parmi « principes non négociables »il a cité « le droit fondamental de disposer de son corps »rappelant que « Marine Le Pen a soutenu l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution ». Mais garder le silence sur ses atermoiements sur le sujet et l’abstention de certains députés RN sur le texte.