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Le RN a-t-il les profils nécessaires parmi les hauts fonctionnaires pour gérer le pays ?

Vainqueur des élections européennes et favori des législatives, le Rassemblement national n’a jamais gouverné la France. Au-delà des élus, le mouvement dirigé par Jordan Bardella pourra-t-il compter sur suffisamment de personnels expérimentés dans la haute fonction publique ?

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Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale (à gauche) et Jordan Bardella, président du RN, après avoir présenté leurs vœux de fin d'année à Paris, le 10 janvier 2023. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Le Rassemblement national est favori aux élections législatives du 30 juin et du 7 juillet et Jordan Bardella répète qu’il est « prêt à gouverner le pays ». Dispose-t-elle réellement des ressources humaines pour le faire ? C’est une question qui inquiète même au sein du RN. Le tandem Bardella-Le Pen réclamait la dissolution de l’Assemblée nationale, mais ni l’un ni l’autre n’y croyait. La direction du RN a été prise de court. Il est vrai qu’il avait déjà répertorié la grande majorité de ses candidats pour les 577 circonscriptions. Pour le reste, rien n’est prêt. Par définition, le RN n’a aucune expérience dans la gestion des affaires nationales, aucune culture de gouvernement. Un atout pour draguer l’électeur en mode : « Vous ne nous avez jamais essayés… »

C’est aussi un sérieux handicap lors de la prise en charge de la gestion de l’Etat. C’est d’ailleurs pour compenser ce manque de compétences que le parti lepéniste courtise frénétiquement les cadres et élus LR. Pour l’instant en vain puisque seul ou presque seul Éric Ciotti l’a rejoint.

Le RN revendique déjà le soutien de certains hauts fonctionnaires, regroupés au sein du comité Horaces, une trentaine de membres anonymes, parfois anciens membres de cabinets ministériels de droite ou de grandes entreprises. Le parti mène un mouvement prétendument massif et récent, mais la présence de hauts responsables d’extrême droite n’est pas nouvelle. Il y a toujours eu des énarques parmi les dirigeants du FN. Dans les années 80 et 90, ce fut le cas d’Yvan Blot ou de Jean-Yves Le Gallou. Bruno Mégret était polytechnicien. Plus tard, Florian Phillipot et Christophe Bay, qui a mené la dernière campagne présidentielle de Marine Le Pen, ont été eux aussi énarques. Pour pallier le manque de moyens humains, le RN a également fondé il y a deux ans une école de management confiée à l’ancien sondeur Jérôme Sainte-Marie, rejoint par Marine Le Pen. Mais pour l’instant, le travail, plutôt maigre, se limite principalement à la documentation accessible sur le site Internet. En effet, faute de personnel expérimenté, le RN mise surtout sur l’effet de son arrivée au pouvoir. Il veut croire que la haute fonction publique va changer et servir le nouveau pouvoir sans hésitation. Un souhait qui illustre aussi une contradiction fondamentale.

Le parti lépéniste dénonce depuis des décennies les technocrates qui ont ruiné le pays. Et il les expose comme de redoutables prises de guerre dès qu’il en récupère une. Au fond, pour le RN, l’énarque, c’est un peu comme le cholestérol, il y a le bon, qui lui est consacré, et puis le mauvais.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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