Le risque d’ouragan sur les côtes augmente avec le changement climatique et la population

L’eau chaude de l’océan Atlantique et du golfe du Mexique peut alimenter de puissants ouragans, mais le degré destructeur d’une tempête ne dépend pas seulement du climat et de la météo : elle dépend également des personnes et des biens en danger.

Dans de nombreuses villes côtières, la croissance démographique rapide a pour conséquence que davantage de personnes vivent dans des zones à haut risque d’inondation.

Je suis géographe et j’étudie les dimensions humaines du changement climatique et des catastrophes naturelles. Mes recherches et mes travaux de cartographie avec mes collègues montrent que les communautés socialement vulnérables – celles qui sont les moins capables de se préparer aux catastrophes ou de s’en remettre – ont tendance à se concentrer dans des zones plus exposées aux inondations, en particulier sur la côte du Golfe.

Des populations nombreuses et vulnérables

Près de 40 % de la population américaine vit aujourd’hui dans des comtés côtiers. Nombre de ces régions sont de plus en plus exposées aux catastrophes naturelles, notamment aux ouragans et aux inondations dues aux marées hautes, aggravées par l’élévation du niveau de la mer.

La région du golfe du Mexique est particulièrement exposée aux catastrophes simultanées induites par le changement climatique, c’est-à-dire lorsque plusieurs catastrophes frappent simultanément. Par exemple, lorsque l’ouragan Beryl a frappé le Texas en juillet 2024, 3 millions de foyers et d’entreprises ont été privés d’électricité pendant plusieurs jours en pleine chaleur estivale, en plus de devoir faire face à de fortes pluies et à des inondations.

Pour compliquer encore les choses, plus d’un cinquième de la population du comté de Harris, où se trouve Houston, est considérée comme socialement vulnérable, c’est-à-dire des personnes qui sont probablement plus susceptibles d’être affectées par les conditions météorologiques extrêmes.

La Nouvelle-Orléans, une autre ville à forte vulnérabilité sociale, était sous surveillance d’ouragan et s’attendait à des pannes de courant alors que l’ouragan Francine se dirigeait vers l’atterrissage en septembre 2024.

Aux États-Unis, les populations socialement vulnérables comprennent de nombreuses personnes âgées, des personnes handicapées, des personnes vivant dans la pauvreté, des habitants de maisons mobiles et d’autres groupes marginalisés. Souvent, ils n’ont pas les ressources ou la capacité physique de se préparer à une tempête, ni les moyens de reconstruire par la suite.

Plusieurs villes de la côte du Golfe, dont Houston, la Nouvelle-Orléans, Mobile (Alabama) et Tampa (Floride), comptent de nombreuses populations socialement vulnérables qui sont particulièrement exposées aux dégâts causés par les ouragans. Dans nombre de ces villes, les schémas d’aménagement du territoire et les décisions politiques ont accru le risque de dommages.

Un étalement urbain effréné

Houston offre une étude de cas sur les défis créés par l’étalement urbain effréné dans les villes côtières.

Le comté de Harris a connu une croissance d’un tiers entre 2000 et 2023, ajoutant 1,3 million d’habitants pour devenir le troisième comté le plus peuplé des États-Unis. Le boom économique qui a accompagné cette croissance démographique a apporté des emplois au comté, mais tous ces emplois ne sont pas bien rémunérés. Le taux de pauvreté du comté de Harris est de 16,5 %, bien au-dessus de la moyenne nationale de 11,5 %.

En 2017, les inondations provoquées par l’ouragan Harvey ont provoqué un débat houleux. De nombreux observateurs ont souligné une réalité épineuse : Houston a été construite sur un marécage. La mentalité de laisser-faire typique de la politique texane, qui privilégie la non-intervention dans la croissance, a contribué à l’étalement urbain effréné, transformant les zones humides en terrains bétonnés. Les zones humides étant simplement recouvertes de pavés, les fortes pluies ne pouvaient pas être facilement absorbées, ce qui rendait les nouveaux quartiers extrêmement vulnérables aux inondations.

Les recherches préliminaires menées par mon groupe de recherche, qui se concentre sur la prise de décision en matière de risques, révèlent que, parmi tous les types d’utilisation et de couverture terrestre du comté de Harris, les terres développées ont augmenté le plus rapidement, passant de 35 % des terres du comté en 2000 à 50 % en 2020.

L’ouragan Harvey est un exemple frappant de l’importance de la planification des eaux pluviales dans le développement urbain. Pourtant, à mesure que les ravages causés par la tempête s’estompent dans la mémoire collective, de plus en plus de personnes s’installent à Houston.

Avec une telle concentration de population et d’infrastructures dans la région côtière, davantage de personnes sont en danger. Cela signifie que lorsqu’une catastrophe survient, l’impact peut être bien plus important qu’il y a quelques décennies à peine.

Se préparer aux catastrophes futures

Les communautés côtières ne peuvent pas se permettre d’attendre le signal d’alarme d’une catastrophe pour investir dans leur protection. Pour se préparer aux catastrophes futures, je pense qu’elles doivent repenser le développement urbain en tenant compte du changement climatique.

L’amélioration de la résilience passe par l’amélioration des infrastructures de contrôle des inondations et par le renforcement des capacités d’intervention d’urgence en prévision de tempêtes de plus en plus violentes. Cela implique également l’adoption de règles de zonage limitant la construction dans les zones inondables. Et cela peut même impliquer un retrait géré – en utilisant des rachats pour déplacer certaines communautés vers des zones plus sûres.

Les campagnes d’éducation du public sont également importantes pour sensibiliser le public aux risques de catastrophe. Des cartes précises des risques d’inondation, par exemple, peuvent inciter les gens à souscrire une assurance, à choisir leur emplacement avec plus de soin et à préparer leur logement aux risques locaux. Les campagnes de sensibilisation réussies s’associent souvent à des organisations locales pour étendre les réseaux communautaires et atteindre les populations vulnérables afin de les aider à se préparer.

CC BY-ND 4.0