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Le Rhône déborde en Valais : « C’était un aquarium »

NOTRE surveillance continue des intempéries.

« Je vais là où le vent m’emmène »

Tous les interlocuteurs ont salué la gentillesse et le professionnalisme des pompiers. Dans l’abri, du café et quelques biscuits sont servis aux sinistrés. Assis à une grande table, André, 82 ans, a été évacué en canot pneumatique dimanche matin. D’autres personnes ont été envoyées par avion, en hélicoptère. L’octogénaire se veut philosophe. « J’espère rentrer vite chez moi, mais je vais là où le vent me porte. Tant que je ne suis pas seul, ça va. C’est comme l’armée, il faut passer par là. » L’homme vit dans le quartier Sous-Géronde depuis une trentaine d’années, il n’avait jamais connu ça. Même en 2000, lors de la dernière grosse crue du Rhône. « Le fleuve avait un peu débordé, mais rien comparé à la nuit dernière », assure-t-il, ajoutant en riant que son pantalon sèche.

Les chaussures de nombreuses personnes sont couvertes de boue. D’autres, comme Elene, avaient l’eau jusqu’aux fesses lors de l’évacuation. Cette Péruvienne, qui vit à Sierre depuis une vingtaine d’années, craint pour ses quatre chats, restés dans sa villa. Elle a pris soin de ne pas verrouiller ses portes et de prévenir les pompiers que ses animaux restaient dans la maison. Peut-être pourront-ils aller les chercher à un moment donné. Avant de quitter sa villa, Elene, comme les autres évacués, n’a pu emporter que le strict minimum. Elle a pris ses papiers d’identité et de l’argent. Et l’espoir de rentrer rapidement chez lui.

A Sierre, l'autoroute est sous les eaux. 30 juin 2024. — © JEAN-CHRISTOPHE BOTT / keystone-sda.ch
A Sierre, l’autoroute est sous les eaux. 30 juin 2024. — © JEAN-CHRISTOPHE BOTT / keystone-sda.ch

Rien, comparé à la guerre

Au fond de l’abri, Kostantin a trouvé une prise pour son téléphone portable. Réfugié ukrainien, il vit en Valais depuis près d’un an et demi. A ses pieds, deux sacs avec quelques affaires pour lui et sa femme. « J’ai tout vu dans la vie, donc j’ai toujours un sac prêt, avec mes papiers d’identité et quelques affaires. Quand on vit la guerre, on sait que tout peut arriver. Autrefois, en Ukraine, il y avait aussi des boîtes de conserve dans ce sac, pour survivre quelques jours. » L’homme tapote sur son téléphone. « C’est pour le travail », dit-il. Sa femme le rejoint. Leur bébé n’est pas avec eux. « On l’a laissé hier soir pour la première fois pour passer la nuit chez sa grand-mère », sourient-ils. « Il est en sécurité, nous aussi. » Kostantin se remet au travail, après avoir glissé, lui aussi philosophiquement : « C’est le temps, on ne peut rien faire. »

A l’extérieur du refuge, au bord de la route qui traverse Sierre, plusieurs personnes attendent sur des chaises mises en place par les pompiers. Une dame vient demander si elle peut aider d’une manière ou d’une autre, elle qui n’a pas été affectée par le mauvais temps. Beaucoup sont au téléphone, à la recherche d’une solution d’hébergement temporaire. Frédéric, sa femme et ses quatre enfants ont été évacués vers 8 heures dimanche matin. « Tout s’est fait sans stress », assure-t-il. Sa première fille, âgée de 18 ans, et son petit, âgé de 3 ans, logent chez des amis de l’aînée. Son deuxième fils, âgé de 16 ans, a également trouvé refuge chez des collègues. Frédéric pense aussi avoir trouvé des proches pour sa femme et son fils de 10 ans. « On a eu une première alerte la semaine dernière, on ne pensait pas qu’elle reviendrait aussi fort » reconnaît-il, évoquant, photos et vidéos à l’appui, une « inondation totale ». Et de résumer en une image : « En dessous de notre maison, il y avait un aquarium. »

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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