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Le « rêve brisé » de Souleyman Alaphilippe en taekwondo aux JO de Paris

Souleyman Alaphilippe (21 ans) a eu droit à une double dose de déception ce jeudi au Grand Palais. Il y a d’abord eu la déception née de sa courte défaite en quarts de finale du tournoi olympique des -68 kg face à l’Espagnol Javier Perez Polo, tête de série numéro 5 (1-2 : 1-2, 5-4, 2-4), qui a brisé son ambition de remporter le titre aux Jeux. Ensuite, le Français a dû attendre deux heures pour savoir s’il avait encore une chance d’être sélectionné et de pouvoir arracher une médaille de bronze, comme l’avait fait mercredi son coéquipier Cyrian Ravet.

Au bout de l’attente, deuxième coup dur : son bourreau espagnol n’atteignant pas la finale, le Parisien, toujours en dobok, a vu ses espoirs de podium s’envoler. « Je suis dégoûté, j’ai perdu de rien, d’un point, contre l’Espagnol (en quart de finale) que j’avais déjà battu, il a lâché prise. C’est difficile de trouver les mots, c’est un rêve qui se brise. »

Alaphilippe était pourtant convaincu que ces Jeux sur ses terres pouvaient être les siens. Le taekwondoïste d’Asnières (Hauts-de-Seine) avait connu une ascension spectaculaire ces trois dernières années, devenant vice-champion d’Europe des -63 kg (catégorie qui n’est pas olympique) en 2022, battant régulièrement les meilleurs mondiaux. Il avait idéalement démarré sa journée jeudi, maîtrisant sereinement l’Egyptien Ahmed Nassar (2-0) en huitièmes de finale. Contre Perez Polo, il a rivalisé, attaquant à tout va, comme à son habitude, mais a fini par céder.

« Il y a des erreurs, je vais rejouer le match des dizaines de fois dans ma tête, Il souligne. Deux ou trois fois j’ai pris des risques pour aller lui mettre un coup et j’ai été contré, je me suis retrouvé à courir après le score. J’ai réussi à revenir à chaque fois mais ça ne se joue pas sur rien, sur des détails. Une seule erreur de décision et le round est dur à rattraper.

« Je ne pourrai plus jamais vivre une compétition de taekwondo comme celle-là. »

Le résultat de ce quart de finale est d’autant plus difficile à digérer pour le camp français qu’Alaphilippe a souvent trompé la vigilance de son adversaire. « Il a beaucoup attaqué et a peu marqué, souligne le DTN Patrick Rosso. Il n’est pas récompensé de tous les efforts qu’il a fournis. On n’a pas grand chose à lui reprocher si ce n’est qu’il a clairement manqué d’efficacité. Habituellement, ce sont des combats où il marque beaucoup plus de points. Si tous les petits coups de pied qu’il a mis étaient passés, il aurait gagné de dix points, mais ils n’étaient pas assez puissants.

L’athlète confirme : « Oui, dans le premier round du quart-temps j’ai fait sept touches (un seul point marqué)… Sur mes coupes, en combat rapproché, j’ai touché beaucoup de fois, je ne me suis pas donné la peine de me plaindre que ça ne marquait pas, on est des combattants et on s’en remet. Mais c’est dur de voir qu’on s’est autant touché… même lui m’a parfois touché, je pensais avoir pris un point et je ne l’ai pas pris. Mais il n’y a pas d’excuse à trouver, c’était comme ça pour nous deux. »

A 21 ans et pour ses premiers Jeux, Alaphilippe a des raisons d’espérer revenir plus fort aux JO. Mais la déception était encore trop lourde à supporter jeudi soir. « Je suis jeune mais l’âge ne veut rien dire dans le sport de haut niveau, vous l’avez vu hier (mercredi), les médailles olympiques étaient jeunes aussi. Je viens d’avoir 21 ans, mais ce n’est pas une excuse. Si je suis là, c’est que j’avais les qualités pour faire quelque chose de très grand aujourd’hui. Le public et l’ambiance étaient incroyables, je veux les remercier, j’ai vu mes amis, ma famille, mon club de partout. Cela m’a donné de la force mais ce n’était pas suffisant. Je ne reverrai plus jamais une compétition de taekwondo comme celle-là. »

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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