Le rétrofit, une solution pour préserver le patrimoine automobile
Malgré tous nos efforts, nous finirons tous par y arriver. Depuis plusieurs années, de nombreuses villes ont adopté des zones à faibles émissions (ZFE), obligeant certains automobilistes à mettre à la casse leurs vieux véhicules, même s’ils fonctionnent encore. Pourtant, deux solutions existent pour continuer à rouler en ville avec nos vieilles Renault 4L, Citroën 2CV et consorts : immatriculer son véhicule comme véhicule de collection ou changer le moteur thermique pour un électrique.
Cette transformation, bien que coûteuse à l’heure actuelle, permet de préserver le patrimoine automobile et de conserver, en quelque sorte, le plaisir de conduite d’antan. La société R-Fit, spécialisée dans ce domaine depuis 2014, nous a invité au Château de Longchamp (Boulogne-Billancourt) pour nous présenter ses solutions et nous mettre au volant de quelques machines transformées.
Des kits adaptés et efficaces
Le concept du rétrofit est simple : transformer un véhicule thermique en véhicule électrique en remplaçant tous les éléments du moteur thermique par un kit électrique. Une fois homologué par l’UTAC (Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle), ce kit permet de modifier la carte grise du véhicule. R-Fit est la seule entreprise en France à avoir obtenu quatre homologations de ce type.
Les kits de rétrofit proposés par R-Fit intègrent une batterie lithium-fer-phosphate et sont compatibles avec les prises de type 2. Ces kits réduisent naturellement les nuisances sonores tout en augmentant le couple du véhicule, offrant ainsi une seconde vie à la possibilité de rouler en milieu urbain. « Aujourd’hui, le rétrofit permet aux propriétaires de profiter d’un look ancien. Et en ZFE où il n’y a pas beaucoup de solutions »a expliqué le représentant de R-Fit. « On ne peut pas profiter d’une CG de collection avec une voiture de pro. Pour quelqu’un qui ne veut pas d’un Renault Kangoo, il peut réaménager son van et utiliser son ancienne voiture. »
Par exemple, pour une Citroën 2CV, le kit démarre à 9 900 €, tandis que pour une Renault 5, le prix est de 13 900 €. L’aide nationale s’élève à 3 000 €, mais les conditions pour en bénéficier sont restrictives, regrette l’entreprise. En région parisienne, une aide régionale de 2 500 € est accessible sans conditions de ressources. La solution est donc onéreuse et intéressera surtout les passionnés selon nous.
« Elle est comme neuve ! »
Pour que le retrofit décolle, il faut du volume. C’est donc tout naturellement que R-Fit s’est concentré sur des véhicules populaires, comme la Renault 4L, la R5 ou la Citroën 2CV. Et ce pour deux raisons principales : la première est qu’il est plus rentable économiquement d’homologuer des modèles qui ont été diffusés à grande échelle car le potentiel de retrofit est plus important. L’homologation à l’UTAC est, semble-t-il, très coûteuse.
Le deuxième avantage qui en découle est qu’il existe de nombreuses pièces détachées pour ces engins. Mieux encore : certaines entreprises, comme le Mehari Club, ont récupéré des moules d’origine. Il est donc facile pour R-Fit de reconstruire ces véhicules vintage, voire de les créer de toutes pièces à partir d’épaves, avec des coûts supplémentaires en fonction de l’état initial du véhicule. Par exemple, une reconstruction complète d’une 2CV peut coûter 20 000 €, plus 10 000 € pour le rétrofit.
« Ce qui a changé avec le rétrofit, c’est que les gens réutilisent ces véhicules pour un usage urbain. C’est plus agréable qu’avec les véhicules modernes. » Il faudrait une vingtaine d’heures de travail pour l’installer. Bien que cette activité ne soit pas encore rentable, elle permet aux mécaniciens de continuer à travailler et contribue à préserver notre patrimoine automobile.
Retour vers le futur
Nous avons eu l’occasion d’emprunter une Citroën 2CV avec d’autres collègues et de faire quelques tours le long du Bois de Boulogne. Le plus surprenant pour nous a été de retrouver un levier de vitesse. Sous les recommandations du constructeur, nous avons gardé la voiture en 3ème pour rouler ; le couple transmis par le moteur électrique (15 kW) nous permet de nous passer des changements de vitesse. La boîte de vitesses étant celle d’origine, la vitesse maximale reste la même, soit 90 km/h.
Le confort est d’époque, tout comme le système de freinage qui demande une certaine anticipation. On est loin d’un éclair de guerre, mais le capital sympathie des passants ainsi que le plaisir de rouler dans une voiture ancienne sont bel et bien présents. Nous n’avons pas eu le temps de vider les batteries, mais selon le constructeur, il serait possible de parcourir 80 km réels en milieu urbain (95 WLTP) avec des conditions de conduite favorables. Le temps de charge est de 3h30 pour passer de 0 à 90% lorsqu’on est branché sur une prise classique. Bien entendu, d’autres véhicules rétrofités étaient présents pour l’essai, comme une Renault 4L ou une magnifique Renault Alpine A45.
Des perspectives prometteuses
En 2023, R-Fit a atteint un cinquante transformationsprincipalement des Citroën 2CV. Pour 2024, les perspectives sont moins optimistes en raison de la réduction des aides financières, notamment du fait du leasing social. Malgré ces défis, R-Fit continue d’innover et de répondre à la demande croissante de solutions de mobilité durable.
L’entreprise collabore également avec des marques prestigieuses et travaille sur des projets spéciaux, comme la Twingo rétrofitée pour Roland-Garros. Son objectif est de permettre aux propriétaires de véhicules vintage de continuer à profiter de leur look rétro tout en répondant aux exigences modernes en termes d’émissions et de performances.