Le retour d’une machine qui nous régale d’un café fort

Les poètes de La Veule sont de retour. Jean-Claude Convenant, le coureur et VRP alcoolique, et Hervé Dumont, le syndicaliste intrigant, retournent à la machine à café, entourés de leurs collègues de vingt ans. Chez Geugène, racheté par une caisse de retraite qui a placé à sa tête un cadre supérieur Macron-compatible, il y a ceux qui se sont adaptés à l’air du temps (Maéva, Hervé)… et Jean-Claude, plus proche de la porte que de la augmenter. « Le bilan est assez crépusculaire, dit Yvan Le Bolloc’h, les commerciaux, les commerciaux ont été tués par Internet… C’est la fin d’un monde. »

« Plusieurs degrés de lecture »

En quelques scènes, les auteurs restituent le goût de ce petit café serré qui faisait le bonheur des téléspectateurs de M6, lançant la mode des programmes courts. Le mélange de séquences rappelant vingt ans d’événements marquants, filmées face caméra, et de fiction en plans larges suivant les personnages d’aujourd’hui, montre l’évolution des mentalités. « Nous avons fait une revue de presse pour choisir les événements d’actualité qui pouvaient toucher les gens. Et avec les personnages ! » explique Le Bolloc’h. « Il nous paraissait important, par exemple, de confronter Hervé Dumont avec l’élection de François Hollande en 2012 (…) et Jean-Claude Convenant avec l’affaire #MeToo… »

Il y a « plusieurs degrés de lecture » dans caméra café. C’est toujours vrai pour cet opus : « Un CSP+, un militant politique peut s’y retrouver, au même titre qu’un boulanger ou un chauffeur de taxi : si la vanne est drôle, tant mieux, et si en plus il y a un sous-texte qu’une partie du public comprend, c’est une double victoire ! » Au final, c’est un bout d’histoire de France que racontent les salariés de Geugène depuis La Veule, « le fameux périurbain » redécouvert avec les gilets jaunes.