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« Le retour de l’énergie au ministère de la Transition écologique ne suffira pas à sauver le climat »

Avec la nomination d’une nouvelle ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et d’une déléguée à l’énergie, Olga Givernet, l’énergie quitte enfin le giron de Bercy. Les ministres vont devoir mener une politique pragmatique et renforcer les ambitions dans le secteur des énergies renouvelables. L’éolien et le solaire photovoltaïque combinés au stockage et à la maîtrise de la demande sous toutes ces formes sont les voies les plus rapides, les moins risquées et les moins coûteuses pour décarboner l’économie française.

Il appartient au gouvernement Barnier de définir les orientations de la prochaine politique publique de l’énergie d’ici début 2025. Il doit relancer l’électrification de notre économie tout en développant, au moindre coût, les sources d’énergie bas carbone les plus pertinentes. Mais il est confronté à de nombreux choix difficiles. Des choix budgétaires, puisque la dette croît encore plus vite qu’on aurait pu l’imaginer, mais aussi des choix techniques structurels.

Une vision tronquée de la question énergétique

En 2007, le président de la République, Nicolas Sarkozy, avait fait preuve d’une grande conscience en plaçant la question énergétique au cœur du ministère de l’Écologie et du Développement durable. Gabriel Attal avait créé un imbroglio mémorable en janvier dernier en transférant le dossier énergétique à Bruno Le Maire, alors locataire de Bercy, brisant ainsi dix-sept années de construction d’une démarche de long terme.

Penser la production d’énergie sans intégrer le lien évident avec la consommation était un grave recul. L’objectif de cette évolution était, à l’évidence, de donner la priorité à la production nucléaire au détriment d’autres leviers, notamment la réduction de la consommation et les énergies renouvelables.

Réduction du budget

Les récentes pistes d’économies suggérées par le gouvernement sortant avec une réduction de 35 % du budget de l’Ademe, une coupe très importante dans le fonds vert (qui passerait de 2,5 milliards d’euros à 1 milliard d’euros en 2025 après avoir été amputé de 500 millions en 2024) sont autant de démonstrations de cette vision tronquée du secteur énergétique. Et rien n’indique que cette approche soit remise en cause, notamment parce que le ministère de l’Écologie perd la main sur les secteurs clés que sont les transports et le logement.

La nouvelle donne énergétique nécessite la mise en œuvre conjointe de mesures sur la demande, les énergies renouvelables, leur stockage et leur gestion. Ce sont des éléments essentiels des politiques « bas carbone » à mettre en œuvre dès maintenant pour la décennie à venir, le nouveau nucléaire étant déjà hors d’actualité. Et sans actions cohérentes entre production et consommation d’énergie, point de salut !

Il faut donc sortir au plus vite de la situation actuelle, dans laquelle la consommation d’électricité continue de baisser, car il n’y a pas assez d’incitations à convertir les secteurs des transports, de l’industrie ou du bâtiment à l’électricité « bas carbone », dont le pays serait le champion du monde. A quoi bon produire « bas carbone » si la consommation ne suit pas ?

Les énergies renouvelables, seule solution à court terme

Dans le contexte inédit où la France doit préparer un budget alors qu’une procédure de déficit a été lancée par la Commission européenne, il semble plus que jamais opportun de décharger l’État de la nécessité de financer les investissements relatifs au secteur de la production d’électricité. Où trouvera-t-on, par exemple, les 100 milliards d’euros nécessaires au financement du programme EPR2, qui ne livrera ses premiers électrons qu’après 2035 ?

Le développement massif des énergies renouvelables et les mesures de maîtrise de la demande associées sont des impératifs urgents, non seulement en raison de nos obligations communautaires ou de notre nécessité de réduire la facture énergétique des Français, mais aussi en raison de la nécessité de développer des filières industrielles nationales, car nous perdons du temps et des marchés. Rappelons à cet égard que les énergies renouvelables (et les technologies de stockage) ont l’avantage majeur d’être soutenues par le secteur privé et qu’elles continuent de démontrer des gains de compétitivité.

Une stratégie équilibrée

Le média Contexte révélait cet été que la France avait transmis, en parallèle de son plan énergie-climat adressé à la Commission européenne, une note précisant son objectif d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie en 2030. Un objectif de 44% était attendu par la Commission. Verdict : l’objectif annoncé est de 35%, loin de ce qu’on attend de nous…

Quelle est la raison de ce manque d’ambition ? En partie à cause des idées reçues que les énergies renouvelables véhiculent depuis tant d’années et qu’il faut combattre de la manière la plus forte et la plus scientifique possible. La France a besoin d’une stratégie énergétique équilibrée, économique, durable et respectueuse de nos engagements climatiques. Nous devons être à la hauteur de ces défis.

ENR pour tous est une association de scientifiques et d’experts qui œuvrent pour développer les énergies renouvelables en France et faire connaître leurs atouts, notamment en termes de pouvoir d’achat.

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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