Le retour de Donald Trump à X

Article de Louis-Vincent Gave publié sur Gavekal. Traduction de Conflits :

Lundi, Donald Trump est revenu sur Twitter, ou X comme l’a rebaptisé Elon Musk. Cela a rappelé des souvenirs stressants. Avant son interdiction en janvier 2021, les tweets de Trump faisaient souvent bouger les marchés, les algorithmes étant entraînés à réagir aux dernières nouvelles de la Maison Blanche ou de Mar-a-Lago, poussant soudainement les taux de change, les prix du pétrole, les rendements obligataires ou les marchés boursiers dans un sens ou dans l’autre. Lundi, le retour de M. Trump sur X a coïncidé avec une hausse des prix du pétrole et de l’or. Bien sûr, il existe de nombreuses explications possibles à ces mouvements au-delà de Trump.

Or. L’or est dans un marché haussier (marché haussier), le mouvement de lundi n’a donc pas besoin d’être expliqué. Dans un marché haussier, les prix augmentent. Cependant, la hausse de lundi n’a probablement pas à voir avec Trump mais avec la détérioration de la situation géopolitique. Je sais que « les amis ne laissent pas leurs amis négocier sur la géopolitique », mais la situation sur le front russo-ukrainien semble avoir évolué récemment, avec la centrale nucléaire de Zaporizhia attaquée et les forces ukrainiennes s’enfonçant plus profondément dans le territoire russe (et se préparant à être coupées du reste du monde ? Ou en train de changer la dynamique d’un front que l’on pensait gelé ?). Dans ce contexte, il n’est peut-être pas surprenant que l’or se rapproche soudainement de son plus haut historique de juillet (et il est intéressant de noter que cette fois-ci, les mineurs de métaux précieux semblent se joindre à la fête).

Énergie. Les nouvelles en provenance du Moyen-Orient sont de plus en plus inquiétantes. Après l’assassinat à Téhéran du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, on s’attendait à ce que l’Iran riposte à Israël, comme il l’avait fait en avril après le bombardement de son siège diplomatique à Damas. Mais au lieu d’un geste rapide et surtout symbolique, il semble que l’Iran prépare une réponse plus redoutable, en important du matériel militaire de Russie et en mobilisant ses troupes. Pendant ce temps, de l’autre côté, Israël fait appel à davantage de ses propres forces de réserve.

Rien de tout cela ne signifie qu’une guerre ouverte soit inévitable. Mais chaque jour qui passe sans que la tension ne diminue signifie que les acheteurs commerciaux de pétrole – expéditeurs, raffineurs, etc. – doivent s’assurer que tous leurs réservoirs de stockage sont remplis à ras bord, sous peine de voir leur production disloquée. En conséquence, nous nous trouvons aujourd’hui dans un environnement où la voie de moindre résistance pour le pétrole pourrait bien être une hausse des prix.

Ce qui m’amène au retour de Trump sur X. En revenant sur X, Trump admet en substance que Truth Social, la plateforme qu’il a lancée après avoir été banni de Facebook, Instagram, Twitter et YouTube, n’a pas la portée qu’il espérait à l’origine. Pour Trump, faire cet aveu signifie qu’il doit y avoir quelque chose pour lui de l’autre côté de la dépréciation de la valeur de Trump Media & Technology (qui se négocie toujours à une capitalisation boursière de 4,8 milliards de dollars, pas mal pour une entreprise qui a réalisé moins d’un million de dollars de revenus au cours du dernier trimestre et a perdu 16,4 millions de dollars). Alors, à quoi Trump va-t-il utiliser X ?

La réponse évidente est d’atteindre un public plus large que celui dont dispose Truth Social. Presque tous les abonnés de Truth Social prévoient de toute façon de voter pour Trump, il y a donc peu de voix à gagner en prêchant à ce chœur. Avec X, Trump pourrait espérer élargir sa base. Mais quelle est la probabilité que cela se produise ? Les médias sociaux sont de plus en plus constitués de chambres d’écho distinctes. Il y a donc peu de chances de persuader les nouveaux électeurs que Trump est l’homme qui rendra sa grandeur à l’Amérique, d’autant plus que la plupart d’entre eux ont déjà une idée fixe de l’ancien président. C’est une entité connue. Cela suggère que l’objectif de sa campagne n’est pas de convaincre les électeurs indécis que Trump est merveilleux, mais plutôt de les persuader que Kamala Harris serait un désastre..

Ce qui m’amène à parler de X et des algorithmes. Historiquement, une façon de mettre en colère les électeurs avant une élection a été de présider une augmentation rapide des prix de l’essence. Cela explique peut-être en partie l’insistance récente de Trump sur le fait que la première chose qu’il fera lorsqu’il prendra ses fonctions sera de remplir la réserve stratégique de pétrole des États-Unis. Les investisseurs devraient-ils donc s’attendre à davantage de tweets optimistes sur l’énergie d’ici novembre ?

Les investisseurs doivent également s’attendre à des tweets visant à faire baisser le dollar américain. Un dollar plus faible semble être un pilier essentiel du programme Trump-Vance, car quiconque souhaite sérieusement ramener l’industrie manufacturière aux États-Unis sait que cela n’est pas possible si le dollar américain est surévalué par rapport aux autres grandes devises en termes de parité de pouvoir d’achat. Et sur des marchés peu liquides, les tweets de Trump peuvent avoir un effet disproportionné.

Quoi qu’il en soit, la géopolitique semble indiquer une hausse des prix de l’or et du pétrole. La politique américaine pourrait bien évoluer dans la même direction, à moins que Joe Biden ne décide de libérer encore plus de pétrole du SPR pour aider Kamala Harris (mais Biden veut-il faire des pieds et des mains pour aider Harris ? Jusqu’à présent, il a brillé par son absence dans la campagne Harris-Walz). En outre, la politique de la Réserve fédérale semble également indiquer un affaiblissement du dollar américain, en supposant que la Fed réduise ses taux en septembre, comme elle l’a indiqué. En retour, un dollar plus faible implique des prix en dollars plus élevés pour l’or et le pétrole. La seule différence majeure réside dans les tendances du marché : l’or a été et reste un marché haussier, tandis que l’énergie a été un marché en dents de scie, frustrant à la fois les haussiers et les baissiers.

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