La semaine dernière, l’état-major ukrainien a déclaré avoir détruit quatorze bombardiers tactiques, dont des Su-34 « Fullbacks » de conception récente, lors d’une attaque de drone sur la base aérienne de Morozovsk, située dans la région de Rostov, à plus de 300 km de la ligne de front. … Ce que n’ont pas confirmé les images satellite fournies par Planet Labs, les installations de cette emprise, qui abrite le 559e régiment de bombardement des forces aérospatiales russes (VKS), n’ayant subi que des dégâts minimes.
Cependant, plusieurs affirmations de Kiev se sont révélées exactes dans le passé, notamment celles concernant des attaques menées principalement sous l’égide de la Direction générale du renseignement militaire (GUR) ukrainienne contre plusieurs navires de la flotte russe de la mer Noire. Quid de celle concernant la corvette Serpukhov (classe Buïan-M), affectée à la base navale de Baltiïsk, dans l’enclave de Kaliningrad ?
En effet, le 8 avril, le GUR affirmait que ce navire de la flotte russe de la Baltique avait été victime d’un incendie ayant « complètement » détruit « ses moyens de communication ». Et d’insinuer qu’il en était à l’origine, en publiant une vidéo montrant les plans de la corvette en question ainsi qu’un engin incendiaire placé, a priori, dans l’un de ses compartiments. Evidemment, il n’est pas possible de vérifier l’authenticité de ces images… Et si le Serpoukhov a effectivement été endommagé, l’état-major russe n’aura aucun intérêt à le confirmer.
En tout cas, si la véracité des faits est établie, ce ne serait sans doute pas la première action ukrainienne en mer Baltique… Selon la Cellule d’investigation de Radio France, l’ancien chef d’état-major ukrainien, le général Valeri Zalouzhny , aujourd’hui ambassadeur d’Ukraine au Royaume-Uni, est soupçonné d’avoir joué un rôle de premier plan dans l’affaire du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2, en septembre 2022.
ENQUETE FRANCEINFO. Sabotage des gazoducs Nord Stream : l’ambassadeur d’Ukraine à Londres soupçonné d’être impliqué dans l’explosionhttps://t.co/MPcnoSPRog
-franceinfo (@franceinfo) 21 mars 2024
Cela dit, il ne serait pas surprenant que le GUR, après avoir mené une campagne qui a endommagé ou détruit environ un tiers de la flotte russe de la mer Noire, ait tenté d’attaquer la corvette Serpoukhov. Ou, du moins, cela serait cohérent avec les récentes frappes profondes menées par les forces ukrainiennes, comme celles visant les raffineries de pétrole et les usines d’armement situées à plus de 1 200 km de leurs frontières.
Pour rappel, admise en service en 2015, la corvette Serpoukhov est un navire de taille modeste (900 tonnes de déplacement pour 75 mètres de longueur) qui peut embarquer des missiles de croisière Kalibr et des missiles antinavires P-800 Onyx.
Cette corvette a récemment fait la une des journaux pour le lancement d’un missile Kalibr vers un champ de tir de la région d’Arkhangelsk (nord de la Russie) depuis la mer Blanche, après avoir traversé le lac Ladoga, dont les rives occidentales sont situées à une cinquantaine de kilomètres de la Finlande.
Pour Kiev, cibler ce navire n’a pas vraiment de sens sur le plan opérationnel puisqu’il n’est pas en mesure de frapper l’Ukraine sans violer l’espace aérien des pays baltes (sauf, peut-être, depuis le lac Ladoga). En revanche, une telle action pourrait avoir des répercussions « psychologiques ».