Le gouvernement cède du lest aux ministères. Pour alléger les efforts budgétaires qui leur sont demandés, le Premier ministre a annoncé ce vendredi la possibilité de relever le plafond des taxes prélevées sur les transactions immobilières. Mais… la mesure soulève la colère des professionnels de l’immobilier, Michel Barnier ayant proposé ce vendredi de relever ce plafond de 0,5 point, à 5%, pour une durée de trois ans. Le chef du gouvernement laisse également aux départements le choix de recourir ou non à cette option.
Pour rappel, les droits de transfert à titre onéreux (DMTO), souvent appelés « frais de notaire » par abus de langage, constituent la majorité des frais payés pour l’achat d’un bien immobilier. Ils représentent un cinquième des revenus des départements, et ont fortement diminué ces deux dernières années face à la crise du marché immobilier. Les départements peuvent fixer un taux DMTO pouvant aller jusqu’à 4,5 % du prix d’achat d’un bien ancien, auquel s’ajoutent les taxes perçues par l’Etat et les communes.
« Très mauvaise nouvelle » pour les primo-accédants
Si « l’intention est louable pour les autorités locales »l’augmentation du DMTO” risque de décourager les primo-accédants et de compromettre la timide reprise observée suite à la baisse – bénéfique – des taux d’intérêt », estime Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim). L’exécutif craint également que l’option de relever le plafond du DMTO ne soit « utilisé par toutes les autorités locales », et que la mesure soit pérennisée.
Pour Maël Bernier, directeur des communications du courtier Meilleurtaux, c’est un « très mauvaise nouvelle pour les jeunes acheteurs », pour qui le « premier achat » sera » encore plus difficile « , a-t-elle réagi sur le réseau social représente 1 250 euros supplémentaires pour un crédit moyen de 250 000 euros « .
De son côté, le Conseil Supérieur des Notaires » prend note » de cette annonce et attend de pouvoir « mesurer l’impact sur le marché immobilier, qui ne s’est pas encore redressé », a déclaré à l’AFP sa porte-parole Céline Deschamps. » Il faut rester vigilant (…) sur les conditions de la reprise » du secteur immobilier, actuellement « désactivé », a souligné Michel Barnier. Il considère néanmoins que « l’effort indiqué est acceptable de ce point de vue « .
Départements satisfaits
Satisfait d’avoir été » entendu », François Sauvadet, président des Départements de France, réfute les craintes d’une accélération de la crise immobilière. Il rappelle que « les nouvelles constructions ne sont pas impactées » et juge compréhensible de payer « quelques centaines d’euros de plus pour participer à la cohésion « .
Pour rappel, face à la colère grandissante des élus départementaux, Michel Barnier a mené une opération de déminage ces derniers jours, notamment en venant au congrès départemental d’Angers. Pour apaiser leurs inquiétudes concernant « asphyxie budgétaire « , le Premier ministre leur a promis une réduction » significatif » de l’effort d’économies dans le budget 2025.
Les départements sont confrontés à une explosion de leurs dépenses sociales, à caractère contracyclique, en matière de protection de l’enfance et d’aide aux personnes âgées dépendantes ou handicapées. Mais dans le même temps, ils voient fondre leurs revenus tirés notamment des transactions immobilières, en pleine crise du secteur.
(Avec l’AFP)