L’escalade au Moyen-Orient, l’attaque de missiles iraniens contre Israël mardi et la possible réponse israélienne ont dopé les prix du pétrole, qui ont augmenté de près de 9% en quatre séances. Vendredi 4 octobre, le baril de Brent de la mer du Nord a clôturé la journée à un peu plus de 78 dollars (environ 71 euros). Tendance similaire pour le baril de West Texas Intermediate, aux Etats-Unis, désormais à plus de 74 dollars.
Jeudi, interrogé sur d’éventuelles frappes israéliennes contre des installations pétrolières iraniennes et un éventuel soutien des Etats-Unis, le président américain Joe Biden, cité par l’Agence France-Presse, a répondu qu’il était « en discussion » à ce sujet. Avant d’ajouter, le lendemain, qu’Israël ferait mieux de » (considérer) d’autres options.
La hausse des prix reflète l’importance de la République islamique sur le marché de l’or noir. En cas d’offensives avérées sur ses infrastructures pétrolières, il faudrait s’attendre à ce que les prix internationaux augmentent jusqu’à « 10 dollars supplémentaires »anticipe l’analyste Ann-Louise Hittle, du cabinet de conseil Wood Mackenzie. De quoi retrouver le prix du Brent au même niveau qu’en avril.
La Chine, « client principal »
« Une attaque contre les terminaux d’exportation aurait un impact plus important que sur les raffineries fournissant de l’essence au marché iranien »estime Giovanni Staunovo, analyste matières premières pour le groupe bancaire suisse UBS.
L’Iran a extrait 3,4 millions de barils de pétrole brut par jour en août, selon les dernières données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Il était au septième rang mondial en 2023, avec près de 5 % de l’offre totale de brut et de condensats, selon les chiffres de l’Institut de l’énergie. Ses réserves prouvées de brut sont également parmi les plus importantes, de l’ordre de 200 milliards de barils, sur une base déclarée.
En déduisant la consommation intérieure (86 millions d’habitants), environ la moitié de la production iranienne est destinée à l’exportation. La Chine, premier importateur mondial de pétrole, est « le client principal »souligne M. Staunovo.
Ces exportations défient l’embargo américain en vigueur depuis 2018 – mesure décrétée à l’initiative de Donald Trump, au motif du programme nucléaire iranien. Car Téhéran parvient à contourner les sanctions. Particulièrement ces derniers mois, quitte à vendre ses produits moins cher, à bord de navires « fantômes ». L’Iran a ainsi augmenté ses extractions de 450 000 barils par jour courant 2023, selon l’AIE, qui en a fait le « deuxième source de croissance de l’offre après les Etats-Unis ». Et il y aurait encore de la place : avant les sanctions, la Compagnie pétrolière nationale iranienne pouvait pomper près de 4 millions de barils par jour.
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