« VSe dirige-t-on vers la liquidation d’un fleuron de l’industrie spatiale pour satisfaire des groupes d’actionnaires très rentables ?
C’est la question que se pose l’intersyndicale Thales Alenia Space (TAS), alors que les deux actionnaires Thales et Leonardo ont décidé de supprimer 1.000 emplois. Un plan annoncé en mars qui durera deux ans.
« Ces 1 000 postes, 600 à Toulouse (2 700 salariés) et 400 à Cannes (1 800 salariés) concernent tous les secteurs d’activité. 1 300 personnes ont déjà été contactées. Il y a beaucoup d’inquiétude à Cannes où le bassin d’emploi est plus difficile », affirme Catherine Massines, représentante de l’intersyndicale TAS.
Effondrement du marché
La direction du TAS rappelle que« Aucun salarié ne sera licencié mais ils seront reclassés, toujours attachés à leur site historique, mais travailleront pour d’autres secteurs de Thales, par exemple pour la défense ou l’aéronautique. »
Pour justifier ce plan qui compte « 980 personnes en France, un tiers à Cannes, deux tiers à Toulouse »la direction évoque « un effondrement du marché des satellites de télécommunications civiles. De 20 satellites par an, il est tombé à 10. En 2022, TAS a remporté six satellites de télécommunications, dont cinq de la gamme « L’espace inspire »mais aucun en 2023 et un seul en 2024. Une autre cause est la charge de travail sur ces satellites « l’espace inspire », est moins important ».
L’intersyndicale considère que «TAS a un gros carnet de commandes à honorer avec une charge de travail élevée jusqu’en 2026. Ce que nous voulons, c’est reporter l’ensemble du processus jusqu’à la fin de 2026″.
La cupidité des actionnaires
L’intersyndicale se dit engagée à «une démarche constructive pour encourager le redéploiement des postes dans de nouvelles activités et s’oppose fermement à une réduction des effectifs liée à la voracité des actionnaires »Elle a donné lieu à une expertise dont les conclusions sont attendues en septembre : celle du cabinet Syndex (pour la partie économique) et celle de Technologia (pour les conditions de travail).Thales Alenia Space dispose en France de compétences et de moyens industriels uniques. Il n’est pas question de les sacrifier à l’heure où la souveraineté dans la construction de satellites devient un enjeu stratégique.
Bien que TAS affiche un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros en 2023, l’entreprise n’a pas l’intention de voir « réduire sa rentabilité et veut rester compétitif », selon la direction.