Le réarmement russe, un secret bien gardé
Alors que s’ouvre mardi 9 juillet à Washington le sommet annuel de l’Otan, qui célèbre son 75e anniversaire, l’une des questions majeures auxquelles sont confrontés les alliés dans l’organisation de leur soutien militaire à long terme à l’Ukraine est la capacité de l’armée russe à se régénérer. Dans quelle mesure est-elle capable de reconstituer ses stocks de munitions ? De quels moyens dispose-t-elle pour accroître sa puissance de feu ?
Après plus de deux ans de guerre, le nombre de chars, de drones ou de missiles mobilisables par l’armée russe reste, de l’avis de nombreux experts, le secret le mieux gardé, tant du côté russe qu’occidental – avec le nombre de morts. C’est aussi l’une des clés du conflit.
Les alliés de l’Ukraine s’interrogent depuis longtemps sur la capacité de Moscou à reconstruire son arsenal au cours de la guerre, notamment pour produire des missiles de précision. Au début du conflit, tous soulignaient les faiblesses du complexe industriel de défense russe (Complexe Oboronno-promyshlennyi) et sa dépendance aux technologies et composants importés des pays occidentaux. Mais aujourd’hui, sa capacité à rebondir est surprenante et de plus en plus inquiétante.
En avril, le général Christopher Cavoli, qui commande toutes les forces américaines en Europe, a sonné l’alarme. « La Russie est en passe de produire ou de reconditionner plus de 1 200 chars de combat par an et de fabriquer au moins trois millions d’obus et de roquettes par an, soit le triple de ce que nous avions estimé au début de la guerre, et plus de munitions que les trente-deux pays de l’OTAN réunis. »il l’a expliqué, notamment devant la commission des forces armées de la Chambre des représentants à Washington.
Depuis plusieurs mois, l’industrie de défense russe se réorganise : passage au 3 x 8, augmentation du nombre de lignes de production, relance des sites industriels Un nouvel élan a également été donné en mai avec la nomination d’un économiste, Andreï Belousov, à la tête du ministère russe de la Défense. Le 5 juin, Moscou a également annoncé une recentralisation de la gestion de l’effort de guerre au niveau de son Conseil de sécurité, dirigé depuis juin par Sergueï Choïgou, l’ancien titulaire du portefeuille de la Défense, qui est un fidèle du président Vladimir Poutine.
Soutien aux pays parias
Les sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne ont certes entravé l’industrie de défense russe au début de la guerre. Mais depuis, Moscou a « Les sanctions occidentales ont été partiellement atténuées grâce à des tactiques d’évasion »En janvier, une note de l’Institute for the Study of War, l’un des principaux think tanks qui suit la guerre en Ukraine, a été pointée du doigt. Le Center for Strategic and International Studies (CSIS), un autre puissant think tank américain, est parvenu à la même conclusion en avril, en étudiant les chaînes d’approvisionnement de Moscou.
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