Au terme de dix-sept ans de construction, et avec douze ans de retard, le réacteur nucléaire EPR de Flamanville, dans la Manche, le plus puissant de France, a été raccordé samedi 21 décembre au réseau électrique national, a annoncé le groupe EDF. Ce premier raccordement d’un nouveau réacteur en France depuis 1999 était initialement prévu vendredi matin, mais avait été décalé de plusieurs heures.
« Samedi 21 décembre 2024 à 11h48, l’EPR de Flamanville a été raccordé au réseau électrique français et a commencé à produire ses premiers électrons. Il s’agit d’un événement historique pour l’ensemble de la filière nucléaire française. Le dernier démarrage d’un réacteur en France remonte à celui de Civaux 2, il y a vingt-cinq ans »a annoncé Luc Rémont, PDG d’EDF, sur son compte LinkedIn.
« Grand moment pour le pays. L’un des réacteurs nucléaires les plus puissants au monde, l’EPR de Flamanville, vient d’être raccordé au réseau électrique. a immédiatement félicité Emmanuel Macron, dans un message également posté sur le réseau social professionnel. Avant de considérer que c’est un exemple qui montre que « se réindustrialiser pour produire de l’énergie bas carbone, c’est l’écologie française »et que la mise en service de cet EPR de dernière génération « renforce notre compétitivité et protège le climat ».
Projet lancé fin 2007
Après le chargement du combustible réalisé en mai et la première réaction nucléaire au sein du réacteur début septembre, le couplage au réseau est la troisième étape de la mise en service de Flamanville 3, un réacteur à eau sous pression de nouvelle génération, qui doit fournir de l’électricité. environ deux millions de foyers. Un premier cycle d’activité industrielle de dix-huit mois est attendu, constitué de production mais avec encore de nombreux tests, notamment lors de la montée en puissance.
Ce lancement d’un réacteur de nouvelle conception, du pays le plus doté de l’arme nucléaire au monde (par habitant), était particulièrement attendu au terme d’un projet lancé fin 2007. Il intervient avec douze ans de retard par rapport au calendrier initial. en raison d’aléas techniques – défauts de soudure, défauts dans l’acier de la cuve, etc. – entre nouvelle conception, complexité du chantier mais aussi perte de compétences dans la filière nucléaire française, expliquée selon les experts par la pause observée par le pays en construction nucléaire.
La facture finale pour la construction du réacteur nucléaire de nouvelle génération a été multipliée par au moins six par rapport au coût estimé, en raison de défauts qui ont retardé sa mise en service, atteignant un coût de plus de 19 milliards d’euros.
Le réacteur à eau sous pression de nouvelle génération est le quatrième de ce type installé dans le monde (après deux en Chine, un en Finlande) et le 57e du parc nucléaire français. Née en 1992 d’une joint-venture entre le groupe français Framatome (aujourd’hui Areva) et l’allemand Siemens, elle a reçu un premier feu vert officiel de la France en 2004.
Le pays, après avoir ensuite tenté une pause dans l’utilisation de l’atome civil, a décidé en 2022, avec le président Emmanuel Macron, de relancer le secteur nucléaire en commandant six nouveaux réacteurs à EDF (et huit supplémentaires en option). Mais le cadre budgétaire se fait attendre depuis longtemps pour ce projet, d’autant plus difficile que l’énergéticien EDF, détenu à 100% par l’État français, est lourdement endetté.