Le rappeur K2Rhym condamné à une peine de prison pour avoir triché lors de sa campagne présidentielle
Le rappeur et homme d’affaires tunisien Karim Gharbi, alias K2Rhym, a été condamné mercredi à quatre ans de prison par contumace pour avoir acheté des parrainages afin de se présenter comme candidat à l’élection présidentielle du 6 octobre, a indiqué à l’AFP un porte-parole judiciaire.
« Le tribunal de Jendouba a condamné le rappeur Karim Gharbi à quatre ans de prison ferme et à une amende de 5.000 dinars (environ 1.500 euros) », a indiqué le porte-parole Alaedine Aouadi, précisant que le prévenu a été privé du droit de vote et sera inéligible à vie.
Ancien gendre de l’ancien président Ben Ali
Le tribunal a également condamné le président de la commune de Jendouba à un an de prison et une amende de 1.000 dinars (environ 300 euros), et un collaborateur du rappeur, à quatre ans de prison et une amende de 5.000 dinars. Le 2 août, le même tribunal a condamné quatre femmes travaillant pour K2Rhym à des peines allant de deux à quatre ans de prison, pour avoir « fourni de l’argent ou des cadeaux en nature » en échange de signatures d’électeurs.
Le rappeur, qui vit à l’étranger, a annoncé fin juillet son intention de se présenter à l’élection présidentielle. Ancien gendre du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, renversé par la révolution tunisienne de 2011, il a fait son annonce dans une vidéo, vêtu d’un costume d’homme d’affaires.
Deux candidats présélectionnés face à Kais Saied
D’abord critiqué pour ses tatouages et son style de vie tape-à-l’œil, il avait ces dernières années rendu publiques ses actions caritatives en faveur des orphelins, des familles pauvres, des hôpitaux et des écoles. Le 5 août, à la veille de la date limite de dépôt des candidatures, le rappeur avait affirmé que les autorités avaient refusé de lui fournir son extrait de casier judiciaire (B3) sans fournir aucune explication, l’empêchant de postuler.
« Qu’est-ce que cela signifie ? De quoi avez-vous peur ? Des urnes ? Pourquoi faire des élections ? Dépensons l’argent dans les hôpitaux, les écoles ou les projets pour les jeunes », a-t-il dénoncé. Plusieurs candidats se sont plaints d’un chemin semé d’embûches vers le scrutin du 6 octobre : difficultés à réunir les 10 000 parrainages d’électeurs nécessaires, à obtenir le B3 ou autres obstacles administratifs. Les opposants n’ont pas pu se présenter car ils étaient en détention, accusés notamment de complot contre l’Etat.
Seuls deux candidats, l’ancien député panarabiste Zouhair Maghzaoui, 59 ans, et le chef d’un petit parti libéral, Ayachi Zammel, ont été présélectionnés face au président sortant Kais Saied, accusé par ses détracteurs d’autoritarisme.