Daniel Kretinsky s’est fait une place dans le monde des affaires français en moins de dix ans. Il est actionnaire majoritaire ou minoritaire des médias (Marianne, Elle, TF1…), propriétaire de grandes surfaces (Casino, Monoprix, Franprix) et propriétaire du numéro deux de l’édition (Editis). David Layani a fondé une société de conseil en informatique, Onepoint, et rêve de s’inviter également à la table des affaires. Entre les deux hommes, une même envie : s’emparer d’Atos, le numéro deux français de l’informatique, étouffé par 5 milliards d’euros de dettes.
Daniel Kretinsky et David Layani ont déposé chacun une offre de rachat le 3 mai dans le cadre de la conciliation financière ouverte le 26 mars. Les banques, les assureurs et les fonds (hedge funds) qui détiennent la dette du groupe ont également déposé un dossier. Une quatrième demande, déposée par Bain Capital, fonds d’investissement américain propriétaire d’Inetum, quatrième SSII française, n’a pas été acceptée par la conciliatrice, Hélène Bourbouloux, car elle ne concernait qu’une partie des activités d’Atos.
« Atos travaillera avec ses créanciers financiers pour sélectionner d’ici le 31 mai 2024 une solution de restructuration financière qui leur sera acceptable et cohérente avec les paramètres financiers de l’entreprise, afin de parvenir à un accord final de restructuration financière d’ici juillet 2024 »a commenté le groupe, lundi 6 mai.
Chacun a sa propre arme
Pour gagner ce duel, les deux hommes disposent chacun de leur arme. Pour Daniel Kretinsky, c’est l’expérience de ce type de procédure d’urgence. Avec Atos, le milliardaire tchèque tente de rééditer le coup de Casino, repris en février après une conciliation. Il a également choisi le même partenaire, le fonds britannique Attestor, qui lui apportera une partie des fonds nécessaires. « L’offre est financée à 100 %, ce qui est important compte tenu de la situation financière d’urgence d’Atos », insiste le camp de Daniel Kretinsky pour rappeler que ses moyens sont supérieurs à ceux de son rival. L’homme d’affaires et l’attestation sont prêts à injecter 600 millions d’euros de leur poche en capital.
Même s’il a le soutien du financier Walter Butler – ensemble ils sont prêts à engager 350 millions d’euros de capital – David Layani est moins riche, mais il avance une autre arme : celle du professionnel du secteur, alors que Daniel Kretinsky n’a jamais investi dans IL. Avec sa société Onepoint, David Layani compte répondre aux attentes des créanciers. Ces derniers n’ont pas vocation à diriger eux-mêmes des entreprises et ont déclaré vouloir s’associer à un industriel. Ils ont également fixé une ligne rouge : ne pas revendre Atos au coup par coup. Toutefois, David Layani assure vouloir conserver l’ensemble des activités, tandis que Daniel Krestinky n’exclut pas de revendre la division numérique.
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