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« Le quinquennat de la trahison écologique »

« Le quinquennat de la trahison écologique »
Emmanuel Macron, en campagne pour sa réélection entre-deux-tours à Marseille le 16 avril 2022.
CHRISTOPHE SIMON / AFP Emmanuel Macron, en campagne pour sa réélection entre-deux-tours à Marseille le 16 avril 2022.

CHRISTOPHE SIMON / AFP

Emmanuel Macron, en campagne pour sa réélection entre-deux-tours à Marseille le 16 avril 2022.

TRIBUNE – Si le doute persistait encore, les derniers voiles sont désormais levés : le gouvernement a choisi le populisme en bafouant ses derniers vestiges d’ambition écologique. Abandonnant très récemment deux piliers essentiels de la lutte contre le changement climatique et en faveur d’une agriculture durable, Emmanuel Macron a sérieusement compromis sa promesse de candidat à la présidentielle faite durant l’entre-deux tours de 2022 : « mon prochain quinquennat sera écologique ou il ne le sera pas ».

Les actes ne mentent pas et le constat est clair : l’abandon récent de la loi de programmation énergie et climat (LPEC) constitue un retour en arrière inexcusable, privant la France d’une feuille de route cruciale pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. serre et accélérer sa transition vers les énergies renouvelables. Cette décision irresponsable signifie non seulement plus d’un an perdu dans la lutte contre le changement climatique, mais elle témoigne aussi du mépris total et inquiétant du gouvernement à l’égard du pouvoir législatif, censé être souverain sur les grandes orientations stratégiques en matière climatique et énergétique. .

Sacrifices, revers et renoncements

La Loi d’orientation agricole tant attendue s’avère être une défection supplémentaire, favorisant ouvertement l’industrialisation de notre agriculture au détriment d’un modèle respectueux de l’environnement et allant à l’encontre de ses objectifs initiaux en matière de renouvellement des générations et de transition agroécologique. Sous l’influence de puissants lobbies agricoles, le gouvernement a choisi de sacrifier en premier lieu la santé des écosystèmes, des populations et des agriculteurs, sans jamais s’attaquer aux causes profondes du malheur des paysans. En cédant aux manœuvres de la FNSEA, le gouvernement d’Emmanuel Macron ne fait que compromettre l’avenir des générations futures en perpétuant un modèle agricole non durable.

Les terres agricoles ont été le théâtre d’autres revers catastrophiques, sur fond de crise, mettant en œuvre une politique réactionnaire qui aura de réelles conséquences sur la santé des agriculteurs et des consommateurs et sur l’avenir de notre agriculture : arrêt du plan Ecophyto (qui visait à réduire l’utilisation de pesticides de 50 % d’ici 2030) sous couvert de modifier son indicateur d’évaluation, de placer les agents de l’Office français de la biodiversité sous la tutelle des préfets, d’empêcher les recours contre les projets de mégabassin ou d’élevage industriel, de relever les seuils d’élevage industriel réduire le nombre d’élevages industriels soumis à une enquête d’évaluation systématique. C’est sans compter également sur le soutien du gouvernement à une procédure d’urgence européenne visant à réviser la Politique agricole commune pour la priver de ses avancées environnementales. Au lieu de se concentrer sur l’amélioration réelle et profonde des revenus des agriculteurs par la mise en place effective de prix planchers, de proposer un plan ambitieux de renouvellement générationnel et un soutien fort à la transition agroécologique, le gouvernement a fait marche arrière. historique et extrêmement grave pour l’écologie.

Le gouvernement a choisi de sacrifier la santé des écosystèmes, des populations et des agriculteurs, sans jamais s’attaquer aux causes profondes.

Comment ne pas évoquer également les multiples renonciations récentes sur d’autres dossiers environnementaux, tout aussi scandaleux et inquiétants, comme la réduction d’1 milliard d’euros des crédits alloués à MaPrimeRénov’, pilier essentiel pour la rénovation des logements, notamment les passoires énergétiques ; la suppression de 400 millions d’euros de crédits du fonds vert qui auraient permis aux collectivités locales de rénover leurs bâtiments publics ; voire 340 millions dans les transports, freinant le développement des transports publics comme alternative à la voiture.

Enfin, c’est sans compter les annonces qui n’auront même pas eu le temps de voir le jour, comme l’abandon du Rail Pass qui aurait pu renforcer la démocratisation du train ou la fin prématurée du système de leasing social de véhicules. l’électricité pour les populations les plus modestes. Sur les transports encore, l’un des secteurs qui tardent le plus à se décarboner selon le dernier rapport du Citepa (le Centre technique interprofessionnel d’études des pollutions atmosphériques), comment justifier le démantèlement de Fret SNCF prévu pour décembre 2024, et l’abandon de 23 voies parmi les plus rentables qui renforceront le transport routier de marchandises ?

Les Français sont prêts à faire plus, à condition d’être soutenus

Ces régressions sont une trahison du discours politique. Il est facile de blâmer le manque d’acceptabilité sociale de la transition et d’en rejeter la responsabilité sur la population qui n’est pas prête aux changements. Rien n’est plus éloigné de la vérité et toutes les enquêtes depuis des mois sont d’accord : les Français et les Français font des efforts et sont prêts à en faire plus, à condition qu’ils soient soutenus pour le faire (financièrement mais aussi par la disponibilité d’infrastructures adaptées) et qu’ils Ce sont les principaux responsables de la crise qui paient la facture en premier.

Fidèle à sa doctrine ultralibérale, le président s’entête à les protéger et reporte sine die toute mesure allant vers plus de justice sociale : il écarte ainsi la proposition du FSI pour le climat pourtant soutenue de toutes parts, comme dans le rapport Pisani-Ferry Mahfouz. , il rechigne à taxer les plus gros pollueurs comme TotalEnergies et cède aux injonctions de la FNSEA, championne d’une agriculture industrielle, socialement et écologiquement néfaste.

Manquant de courage politique pour répartir les efforts de manière plus équitable, le gouvernement trahit ses engagements et alimente la montée du vote populiste.

Au lieu de construire une vision d’avenir porteuse d’espoir et améliorant le confort de vie que peut apporter la transition écologique, elle continue d’insulter les organisations environnementales en brandissant le spectre d’une soi-disant écologie. « punitif » Ou  » brutal « . Alors que la France se réchauffe bien plus vite que la moyenne mondiale et que les inondations meurtrières se multiplient sur notre territoire, rappelons une évidence : la brutalité est du côté du plus haut niveau de l’Etat qui a abandonné toute réelle ambition en matière écologique, toute volonté pour initier les transformations si nécessaire. Manquant de courage politique pour répartir plus équitablement les efforts et soutenir les plus vulnérables, le gouvernement non seulement trahit ses engagements mais alimente indéniablement la montée du vote populiste ou de l’abstention aux prochaines élections.

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