L’enseignement catholique a demandé, vendredi 27 novembre, que le projet de programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, censé être officialisé prochainement, mais qui suscite de vives critiques dans les milieux conservateurs, soit « profondément retravaillé ».
« Nous partageons les ambitions de la démarche, notamment en matière de respect du corps, de vie privée, d’éducation essentielle au consentement et de promotion de l’égalité entre filles et garçons. Cependant, la lecture du document nous amène à formuler de sérieuses réserves.»» ont communiqué le secrétariat général de l’enseignement catholique, qui scolarise près de 20% des élèves du premier et du deuxième niveau, et l’APEL (Association des Parents d’Enseignement Libre) dans un communiqué commun.
« Ce programme proposé vise à remplacer la responsabilité éducative des parents. Nous ne pouvons pas l’accepter »souligne le communiqué. De plus, « la rigidité d’un programme annualisé » ne permet pas « ne pas s’adapter à la maturation et à la singularité de chaque élève »et il faut « une grande prudence quant aux contenus qui doivent rester imperméables à toute influence idéologique »ajoute-t-il.
« La théorie du genre n’existe pas », pour Anne Genetet
La veille, la ministre de l’Éducation, Anne Genetet, avait défendu la pertinence du futur programme d’éducation sexuelle face à une révolte conservatrice, relayée jusqu’à l’exécutif, qui fait craindre aux syndicats et associations un recul du gouvernement.
« La théorie du genre n’existe pas, et elle n’existe pas non plus dans le programme »M soulignée Genetet lors d’un déplacement à Marcq-en-Barœul (Nord), en présence de son ministre de la Réussite scolaire (LR), Alexandre Portier, partisan d’une révision de ce programme.
Ce programme en préparation « c’est très clair », « progressif », « adapté à tous les âges » Et « permet d’apprendre des notions fondamentales comme le respect, comme le consentement, savoir dire non, ce qu’est une fille, ce qu’est un garçon »a poursuivi la ministre, précisant qu’elle « pilote(a) » la rédaction.
Alexandre Portier a estimé mercredi devant le Sénat que le programme d’éducation sexuelle proposé n’était pas « pas acceptable ». Il a assuré qu’il « s’engagerait personnellement à faire en sorte que la « théorie du genre » ne trouve pas sa place dans nos écoles ». La « théorie du genre » est une expression utilisée par une frange conservatrice de la société, préoccupée par les études et les enseignements ouvrant une perception nuancée des différences entre les sexes.
Alexandre Portier a déclaré qu’il ne « retirerait pas un seul mot »
En 2014, la polémique autour d’une prétendue « théorie du genre » enseignée dans les écoles françaises, qui nierait les différences sexuelles, était virulente, lors de l’expérimentation de l’« ABCD de l’égalité » à l’école pour lutter contre les stéréotypes filles-garçons. Elle était soutenue par des mouvements proches des opposants au mariage homosexuel et parfois de l’extrême droite.
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Interrogé aux côtés du ministre lors de ce déplacement commun sur l’orientation pédagogique, Alexandre Portier a affirmé ne pas avoir « supprimer un seul mot » de ses précédentes déclarations.
Initialement prévu pour la rentrée 2024, le premier programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars), en cours de rédaction, fait l’objet de consultations depuis mars. Il doit être présenté mi-décembre au Conseil de l’enseignement supérieur (CSE), organe consultatif, en vue d’une publication pour la rentrée prochaine.
Depuis 2001, la loi rend l’éducation sexuelle obligatoire dans les écoles, collèges et lycées, à raison d’au moins trois séances par an. Mais cette disposition est en réalité peu respectée. A l’approche de sa présentation, des organisations conservatrices se mobilisent, comme l’Union des familles (anciennement La Manif pour tous) évoquant « un lavage de cerveau progender et transactiviste ».
La Ciivise dénonce des « fausses informations »
Après les déclarations d’Alexandre Portier, plusieurs organisations ont dénoncé jeudi cette offensive contre le texte, insistant sur son rôle » essentiel « dans la lutte contre les violences sexuelles. La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles contre les enfants (Ciivise) a dénoncé le « fausses informations » les opposants à ce programme alors que « 160 000 enfants sont victimes d’inceste et de violences sexuelles chaque année ».
Le collectif Pour une véritable éducation sexuelle, qui compte notamment dans ses rangs le Planning familial et le Sidaction, a dénoncé « l’usage de la rhétorique » visant à « empêcher la réalisation de ce projet essentiel ». Parmi les syndicats enseignants, le SE-UNSA a également souligné le «besoin de clarté et de courage ministériels». SUD-Éducation et la CGT-Educ’action appellent le ministre à « ne recule pas ».
Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, a décrit » Accueillir « la déclaration du ministre jeudi « pour clarifier la position du ministère ». Pour le syndicaliste, « il faut absolument consolider l’existence de ce programme »notamment « dans le cadre du procès Mazan, où l’on voit qu’il y a encore un bon nombre d’accusés qui ne savaient pas ce qu’est le consentement ».