Le parlement de la Sierra Leone a adopté cette semaine un projet de loi interdisant le mariage des enfants, un vote salué comme « historique » par l’ONG Save the Children dans un pays où des centaines de milliers de filles sont mariées avant d’avoir 18 ans. « La Sierra Leone adopte un projet de loi historique » interdire le mariage des enfants « après une campagne visant à criminaliser cette pratique répandue », se réjouissait Save the Children dans un communiqué publié vendredi, au lendemain de l’adoption. Le ministre de l’Information, Chernor Bah, a parlé sur les réseaux sociaux d’un « un énorme progrès ». Le texte devrait être promulgué dans les prochaines semaines par le président Julius Maada Bio avant d’entrer en vigueur, selon une source à la présidence contactée par l’AFP.
La loi criminalisera le mariage des filles de moins de 18 ans et exposera les contrevenants à au moins 15 ans de prison et à une amende d’au moins 50 000 leones (2 083 euros). Elle interdit la cohabitation avec un mineur et prévoit une indemnisation pour les victimes de mariages précoces et les jeunes femmes qui tombent enceintes dans le cadre d’une telle union. En Sierra Leone, 800 000 épouses avaient moins de 18 ans en 2017, et parmi elles 400 000 avaient moins de 15 ans, selon les données de l’Unicef. La population actuelle du pays s’élève à près de 9 millions d’habitants.
Victimes de mariage précoce « souffrent à vie de dommages à leur santé physique et mentale ; sont privés de possibilités d’apprendre, de grandir, de jouer et de se développer ; et exclus des futures opportunités éducatives et économiques »souligne Patrick Analo, directeur de Save the Children en Sierra Leone, dans le communiqué de l’ONG. « Ce projet de loi n’est destiné à aucun parti politique, mais à la Sierra Leone », a soutenu Mariama Munia Zombo, l’une des députées qui l’ont initié, lors du débat parlementaire. La fréquence des mariages précoces est en légère baisse depuis plusieurs décennies en Sierra Leone. Selon l’Unicef, 30 % des filles étaient mariées avant leur 18e anniversaire en 2017, contre 37 % 25 ans plus tôt.
