Ce samedi, les députés achèvent l’examen en commission de la partie » recettes » du budget 2025, largement modifié par rapport à la copie du gouvernement, qui se retrouve au pied du mur avant le débat dans l’hémicycle.
Passé au moulin de la commission des Finances, le projet de loi présenté la semaine dernière est déjà méconnaissable avec un quart des 41 articles examinés qui ont été supprimés ou rejetés, beaucoup Des amendements valant plusieurs milliards d’euros ont été adoptés, accompagnés de nouvelles taxes ou exonérations. De sorte que l’équilibre financier du projet de budget s’en trouve profondément transformé.
Si la gauche a voté pour ce texte, tous les autres groupes, le RN et ses alliés, le camp présidentiel et les centristes de Liot ont voté contre en raison d’une hausse excessive de la pression fiscale par rapport au texte initial, de 60 milliards d’euros selon Eric Coquerel, président LFI de la Commission des Finances. A noter tout de même : les députés partiront du texte initial pour le débat en séance, qui débutera lundi soir. Mais le contenu des débats en commission met déjà la pression sur l’exécutif.
Des pans entiers du budget rejetés
Des pans entiers du budget de l’État ont donc été purement et simplement rejetés. Notamment sur la fiscalité écologique : les hausses de taxes sur l’électricité, les chaudières à gaz et les véhicules thermiques sont ainsi tombées à l’eau.
Même chose pour les collectivités locales : les articles visant à geler ou réduire leurs recettes ont été supprimés, les députés leur accordant au contraire une rallonge de 500 millions d’euros. Attention : il s’agit d’une des rares mesures chiffrées parmi les quelque 170 amendements déjà adoptés en un peu plus de trois jours de débat.
Mais l’équilibre de la facture a surtout été bouleversé par une cascade de nouvelles taxes, souvent à l’initiative de la gauche. La France insoumise s’est ainsi félicitée » victoires » sur le « superprofits » et des multinationales, pour un total vertigineux de plus de 40 milliards.
Preuve que « le Nouveau Front Populaire est majoritaire à la Commission des Finances de l’Assemblée nationale », tandis que le Premier ministre « Michel Barnier et sa bande de connards n’en ont pas », a affirmé le patriarche insoumis Jean-Luc Mélenchon lors d’un meeting à Cahors vendredi soir.
Le soutien au gouvernement dispersé
LE » base commune » La droite et le centre n’ont en effet pas pu empêcher les votes en faveur d’un impôt durable sur les hauts revenus, ce que le gouvernement voulait seulement » temporaire « . Il n’a pas non plus pu freiner un durcissement des mesures sur les rachats d’actions, le crédit d’impôt recherche ou le transporteur maritime CMA-CGM (propriétaire de La Tribune).
Le camp gouvernemental a aussi parfois sollicité le soutien des oppositions, comme le MoDem pour relever le « impôt forfaitaire » sur les revenus du capital, ou Les Républicains pour rétablir un « taxe de sortie » contre l’exil fiscal aussi dissuasif que lors de sa création sous Nicolas Sarkozy.
Une confusion qui inquiétait même le Rassemblement national. » Je ne vois aucune coordination entre les différents partis qui soutiennent M. Barnier », a commenté le député Jean-Philippe Tanguy lors du débat en commission, déplorant de ne pas savoir « où va ce projet de loi de finances ? « .
Un nouveau 49.3 attendu ?
Le gouvernement lui-même en est-il certain ? Devant la commission, les ministres de Bercy, Antoine Armand et Laurent Saint-Martin, avaient promis de compléter leur texte par des amendements, dont une augmentation de la taxe sur les billets d’avion et une prolongation du prêt à taux zéro dans l’immobilier.
Mais vu le nombre et l’ampleur des modifications votées depuis mercredi, la question d’un passage forcé dans l’hémicycle via l’arme du 49.3 pourrait rapidement se poser, afin d’éviter une nouvelle série de déconvenues.
Le coup de gueule d’un président de communauté
Le président de la Communauté européenne d’Alsace (CEA), Frédéric Bierry, « alerte » Vendredi sur l’effort financier demandé par le gouvernement aux collectivités territoriales et notamment aux départements, pointant un « risque d’affaiblissement durable » de leur « capacité d’agir pour les résidents « .
» Les départements comprennent que l’Etat doit trouver des économies, mais ce n’est pas auprès des départements qu’il faut regarder, car cela nous est impossible. », a déclaré Frédéric Bierry en conférence de presse.
Prenant l’exemple de la Communauté européenne d’Alsace, qui a fusionné les conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin en 2021, il a souligné que les 52 millions d’euros de contribution qui lui sont demandés par l’Etat constituent « un coup de trop « . Si cette mesure est enfin inscrite dans le projet de loi de finances 2025, » les gens ne devraient pas être surpris, si ce projet est voté, qu’il y ait de forts impacts sur leur vie quotidienne », a-t-il prévenu.
(Avec l’AFP)