le projet d’antenne téléphonique au milieu du vignoble scandalise les riverains

« Stop au pylône 5G », « SOS vignes paysagères »… Depuis plusieurs semaines, dans les rues de Pessac, banderoles et autres pancartes artisanales fleurissent sur les portails et balcons des riverains. Objet de leurs griefs : le projet d’installation d’une antenne prétendument 5G (lire ci-dessous) de l’opérateur Bouygues Telecom, à plusieurs dizaines de mètres de hauteur, sur la parcelle viticole du Château Haut-Brana, au cœur du quartier historique de Noès.

«C’est complètement inconcevable», déplore Isabelle Rigaud en regardant ce bout de terrain où trône encore un chêne plus que centenaire. Depuis plus de trois ans, elle rénove avec son associé Frédéric Leleu leur propriété du Château Haut-Brana, ayant appartenu pendant des décennies à Michel puis René Guéret, et face aux célèbres vignobles du Château Pape Clément. Une quiétude qui tourne au vinaigre le 6 septembre lorsqu’elle découvre, via une affiche discrètement installée sur le portail du domaine, la déclaration préalable de travaux, validée par la mairie de Pessac le 30 juillet.

Continuité paysagère

« C’est l’équivalent d’un immeuble de six étages qui serait situé à quelques mètres de chez nous », s’insurge-t-elle. Car contrairement à la bâtisse, le couple n’est pas propriétaire du demi-hectare de vignes qui l’entoure, puisqu’il appartient depuis 2014 à la famille de vignerons Gonet.

Face à cette nouvelle, un collectif de riverains s’est constitué et a publié une pétition en ligne qui a récolté plus de 4 300 signatures. « J’habite de l’autre côté », explique Christophe. Chaque matin, je me réveille et je vois ce pylône devant ma maison. Je ne comprends pas, nous ne sommes pas une zone blanche, nous n’en avons pas besoin. » Car plus que l’aspect sanitaire, c’est la continuité paysagère et la nécessité du projet, dans un secteur reconnu pour son patrimoine viticole au cœur de la ville, qui inquiète.

De son côté, Alexandre Gonet, associé dans l’entreprise familiale, justifie cette installation par les mauvais temps que traverse le monde du vin. « Tout est dans les règles, nous comprenons que cela puisse choquer, mais nous avons besoin de ce type de financement pour préserver notre patrimoine. »

Temps orageux

Franck Raynal, maire de Pessac, a reconnu « comprendre l’émotion » des Pessacais auprès de « Sud Ouest », mais note que « (son) avis compte peu ». « C’est un projet de privé à privé. Tant que c’est conforme, nous ne pouvons pas faire grand-chose. »

Lors d’une réunion d’information, qui s’est tenue dans un climat houleux jeudi 26 septembre, la commune a encore ouvert la porte à un éventuel retrait de sa déclaration préalable. « Si le collectif estime que certains aspects juridiques légitimes n’ont pas été pris en compte par nos services, nous le retirerons », a affirmé l’édile, qui a également assuré avoir recommandé dans le décret que cette antenne soit déguisée en pylône d’arbre. Une prochaine rencontre entre une délégation du collectif et la Ville doit avoir lieu début octobre.

La 5G, vraiment ?

Contacté par « Sud Ouest », et contrairement à ce que pensaient initialement riverains et élus, Bouygues Telecom affirme n’avoir jamais souhaité diffuser la 5G via cette antenne, mais plutôt la 4G. « Nous cherchons à mutualiser nos services avec d’autres opérateurs, mais de ce côté-là, cela n’a pas été possible et nous avons un déficit de couverture, nous avons donc dû en prévoir une », explique Christophe Philippe, directeur régional de Bouygues. Or, cette antenne « ancienne » génération, déguisée en « faux arbre », fera bel et bien 20 mètres de long.