Le procureur de la République, Etienne Manteaux, se retrouve dans une situation particulière. Si pour une fois ce n’est pas à lui de porter l’accusation, le représentant du ministère public doit livrer sa vision des choses au tribunal.
Le procureur, à son tour, revient sur les principales étapes du dossier. Il revient sur cette fameuse confrontation judiciaire organisée fin 2018, tournant spectaculaire dans la procédure. «Je n’ai jamais été témoin d’un tel moment. C’était une scène surréaliste. Le juge d’instruction a eu l’intelligence de laisser la main à Madame Fouillot, qui, au nom de leur lien très fort, va peu à peu convaincre M. Daval de dire la vérité et de sortir de ce mensonge dans lequel il s’était empêtré. Il finira par s’agenouiller aux pieds de Madame, avec cette scène étonnante, lorsqu’elle le relèvera pour lui redonner sa dignité d’homme. »
Etienne Manteaux décide : « Il me semble difficile, dans ce cas, d’entrer dans une démarche de conviction. A un certain niveau, Jonathann Daval est éminemment répréhensible, mais vous n’êtes pas les juges de la moralité. La loi et la jurisprudence permettent à un accusé de mentir. Cela peut paraître choquant pour la société, et c’est particulièrement vrai dans ce cas-ci car je comprends la souffrance de cette famille, qui a pu se sentir souillée. »
Le procureur termine son propos en lisant les déclarations de chacun, faites à la fin du procès. Tout le monde a salué le verdict, 25 ans de prison. « Il est très rare que la défense comme les parties civiles affirment que justice a été bien rendue. Il est temps de clore définitivement ce dossier Daval, d’un côté ou de l’autre. »
Etienne Manteaux relit une récente audition de Jonathann Daval, entendu dans le cadre d’une plainte en diffamation finalement retirée. « J’assume ce que j’ai fait, le procès est fait, il est établi, il faut arrêter. Je veux seulement une chose, que les gens arrêtent de parler de moi », a déclaré Jonathann depuis sa cellule.
Le procureur tente de signaler la fin du bras de fer judiciaire, en s’adressant aux proches d’Alexia assis en face de lui. « Le moment est venu de tourner la page, d’essayer d’aboutir à un apaisement. Le pardon, ce n’est pas oublier. Souffrir de la perte d’un enfant est une souffrance que l’on porte tout au long de sa vie. Mais je suis convaincu que les plaintes et les procès ne peuvent que raviver vos douleurs. »
Le parquet offre la détente.