Patricia Benavides est accusée de trafic d’influence et de faveurs politiques pour sa prétendue intervention dans une enquête sur sa sœur Emma Benavides.
Le Conseil national de la justice du Pérou a démis mercredi soir la procureure générale du pays, Patricia Benavides, pour trafic d’influence et faveurs politiques présumées. « La révocation de Patricia Benavides de son poste de procureur général a été prise à l’unanimité suite aux accusations portées contre le procureur général d’avoir interféré dans l’enquête sur sa sœur Emma Benavides »elle-même juge, a annoncé Antonio de La Hazale, président du Conseil national de la justice (Junta Nacional de Justicia, JNJ) chargé de nommer, confirmer et révoquer les juges et les procureurs.
Composée de cinq magistrats, la JNJ a prononcé ce licenciement en raison de fautes disciplinaires graves liées au licenciement « de manière dégradante » de la procureure Bethsabé Revilla, de la juge d’instruction Emma Benavides, soupçonnée d’avoir libéré des trafiquants de drogue en échange de paiements. L’avocat de Patricia Benavides, Jorge Del Castillo, dénoncé « un scandale honteux », sur la télévision Willax. La procureure générale a été suspendue le 6 décembre pour six mois par le JNJ afin de ne pas pouvoir faire obstacle à l’enquête. Nommée en 2021 pour trois ans, elle a été remplacée provisoirement par Juan Carlos Villena.
Plainte pour homicide présumé
Le procureur et sa sœur ont toujours nié avoir comploté pour la destitution du procureur Revilla, qui dirigeait l’enquête pénale contre le juge Benavides, exerçant au Tribunal supérieur de justice de Lima et également démis de ses fonctions par le JNJ. « Je me sens exonéré », a réagi Mme Revilla sur la télévision Latina. Patricia Benavides a été suspendue après avoir déposé une plainte le 27 novembre devant le Congrès contre la présidente Dina Boluarte pour homicide présumé. En cause : le rôle du leader dans la répression des manifestations entre décembre 2022 et mars 2023. Après cette plainte, la présidente s’est prononcée contre le maintien de la procureure générale à son poste. Cette dernière avait assuré qu’elle ne quitterait pas son poste et au Congrès certains ont pris son parti en qualifiant cela de complot.
Boluarte est devenue présidente du Pérou en décembre 2022 après la destitution et l’arrestation du chef de l’État de gauche Pedro Castillo, dont elle était vice-présidente. La répression des manifestations massives pro-Castillo qui ont suivi a fait plus de 50 morts, selon la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH). En janvier, les procureurs péruviens ont ouvert une enquête sur « génocide, homicide et blessés graves » contre Mme Boluarte, mais elle bénéficie de l’immunité jusqu’à la fin de son mandat en 2026.