L’huissier, saisi par France Télévisions, a décortiqué les images avant de monter l’émission « Complément d’enquête ». Un numéro qui, on le rappelle, a fait polémique lors de sa diffusion. Elle révélait des images de l’acteur photographiées par Yann Moix, voyageant avec lui en Corée du Nord en 2018.
Le 7 décembre 2023, le spectacle Enquête plus approfondie diffuser un documentaire intitulé Gérard Depardieu : la chute de l’ogre. Dans ce magazine, on a vu l’acteur tenir des propos outranciers alors qu’il se trouvait dans un haras en Corée du Nord dans le cadre d’un tournage du réaliste Yann Moix.
Une séquence a particulièrement fait polémique : celle où l’on voit l’acteur sexualiser une petite fille d’une dizaine d’années en montant à cheval : « Si jamais il galope, elle jouit, c’est ma copine ! Continue ! »
La défense de Gérard Depardieu a contesté les faits, expliquant que l’acteur ne s’adressait pas à la petite fille mais à un autre cavalier. Pour la défense de l’acteur, Enquête plus approfondie se livre donc à une « manipulation grossière » des images.
En réponse, France Télévisions a mandaté un huissier, chargé d’analyser les rushes (les vidéos brutes avant montage, NDLR) afin de déterminer à qui Gérard Depardieu s’adressait à ce moment-là. C’est le rapport de cet huissier qui a fuité dans Le Parisien et dont BFMTV a pu confirmer le contenu.
Commentaires volontairement coupés
Délivré en décembre 2023, très peu de temps après la diffusion du documentaire, le constat d’huissier donne raison à France Télévisions. L’huissier a superposé les images des trois caméras présentes sur le tournage (deux caméras appartenant à la société de production Hikari et les images du caméscope de Yann Moix). Il exclut la possibilité que Gérard Depardieu ait parlé à quelqu’un d’autre que la petite fille.
« Lors de cette séquence, j’ai remarqué qu’à l’exception de la jeune fille, seuls les cavaliers d’apparence masculine entrent devant les caméras », a-t-il écrit, selon les informations de BFMTV.
Selon nos informations, le rapport révèle également que Enquête plus approfondie a volontairement coupé les propos les plus obscènes tenus par Gérard Depardieu. Dans cette séquence, on l’entend dire : « Non mais s’il la fait galoper, elle mouille, elle jouit, tu sais que celles qui font la route du sel, ou les folles qui sont à cheval, elles ont le clito qui frotte sur le dessus du… sur le pommeau de la selle… »
Contacté par BFMTV, Jérémie Assous, l’avocat de Gérard Depardieu sur cet aspect du dossier, maintient la position de l’acteur. Cela vient dans deux directions. Il soutient qu’il s’agissait d’une œuvre de fiction et non d’un documentaire. Autrement dit, Gérard Depardieu a joué un rôle en disant cela. De son côté, Yann Moix avait évoqué un documentaire.
L’avocat soutient également que, de toute façon, l’acteur ne s’adressait pas à la petite fille, mais à un autre cavalier. Après avoir décortiqué les images, Jérémie Assous fait une analyse différente de celle de l’huissier. Il en conclut que Gérard Depardieu s’adressait à un autre cavalier adulte et non à la petite fille.
La justice saisie
Interrogé par nos confrères du Figaro, Yann Moix a maintenu l’accusation de rédaction trompeuse de la part de Enquête plus approfondie.
« Je suis sûr à 99% que Gérard a tenu ces propos à propos d’un cavalier qui n’était pas la petite fille », a-t-il déclaré. « Gérard est incapable de tenir des propos pareils sur un enfant. »
Le débat de fond est désormais de savoir si Gérard Depardieu a tenu des propos obscènes à l’égard des femmes ou s’il l’a fait à l’égard des femmes et des petites filles.
La semaine dernière, la cour d’appel de Paris a chargé un expert d’analyser les images pour tenter de savoir qui dit la vérité dans cette histoire. Aucune information judiciaire n’a été ouverte (pour harcèlement sexuel ou injures sexistes par exemple) sur les propos tenus par Gérard Depardieu en Corée du Nord.
Le seul impact de toute cette affaire se fera sur l’image de Gérard Depardieu, déjà fortement écornée. Il doit être jugé lundi 28 octobre pour deux agressions sexuelles sur des femmes membres de l’équipe de tournage du film. Les volets verts.
« Une chasse à l’homme »
En France, cette polémique a été d’autant plus importante qu’Emmanuel Macron s’est exprimé publiquement sur l’affaire. Interrogé dans l’émission C à vous, le président de la République a laissé entendre que la séquence aurait pu être modifiée au montage.
« Il y a parfois des éclats face aux propos tenus, je me méfie du contexte (…) J’ai vu les images, j’ai entendu aussi qu’il y avait des polémiques sur les propos qui étaient en décalage avec les images. » Le chef de l’Etat a même Il s’est dit un « grand admirateur » de l’acteur français dénonçant « une chasse à l’homme » contre Gérard Depardieu, décoré de la Légion d’honneur par le président de la République de l’époque, Jacques Chirac.
De son côté, France Télévisions a annoncé que le passage en question avait été « authentifié » par un huissier. « Il n’y a aucun doute et aucune ambiguïté sur le fait que c’est bien la jeune fille à l’image qui est visée par les propos de Gérard Depardieu », a assuré le groupe de télévision publique.