le procès en appel financier commence ce lundi
La tentaculaire affaire Karachi revient devant la justice ce lundi. Cette fois, c’est son aspect financier qui sera scruté, lors d’un procès en appel qui intervient quatre ans après les condamnations de six hommes, et anciens amis proches de l’ex-Premier ministre Édouard Balladur, dans la première affaire. C’est 29 ans après les faits.
Des pots-de-vin en difficulté
Celles-ci remontent aux années 1990 et concernent des pots-de-vin légaux versés à des intermédiaires pour des contrats signés en 1994. Bien que légaux, ils ont donné lieu à des pots-de-vin, cette fois illégaux, ayant contribué à financer l’échec de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur en 1995.
De plus, l’argent récolté pour ces pots-de-vin provient directement du marché des quatre sous-marins Agosta 90-B vendus par la France au Pakistan en 1994, autre facette obscure de l’affaire Karashi. Mais de son côté, Édouard Balladur a toujours affirmé que ces fonds provenaient de dons de militants et de ventes de gadgets lors de réunions publiques.
Une attaque à l’origine de l’affaire ?
En 2002, une attaque a été commise à Karachi, au Pakistan. Onze Français, dont 8 Cherbourgeois du Département de la Construction Navale, y sont morts. Et c’est l’enquête, toujours en cours, autour du drame qui a permis d’éveiller les premiers soupçons de financement occulte de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur. Pour beaucoup, c’est l’existence de ce système financier qui est à l’origine de l’attaque.
Deux essais distincts
Lors d’un premier procès, terminé en juin 2020, six accusés passent à la barre. Il a d’abord Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d’Édouard Balladur et numéro deux du groupe de luxe LVMH, qui est condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis. Ensuite, Renaud Donnedieu de Vabres, qui a joué un rôle crucial dans le cabinet de François Léotard, alors ministre de la Défense de Balladur, et qui a ainsi écopé de la même peine. Thierry Gaubert, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy, a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis. Dominique Castellan, alors chef de la DCNI, a été condamné à trois ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis. Enfin, les hommes d’affaires et intermédiaires célèbres, Ziad Takieddine et Abdul-Rahman El-Assir, ont été condamnés à cinq ans de prison.
Tous ont fait appel de la décision du tribunal correctionnel de Paris.
Un deuxième procès a eu lieu en janvier 2021 au palais de justice de Paris, concernant Édouard Balladur et François Léotard, en l’absence des deux prévenus. Elle a abouti à l’acquittement de l’ancien Premier ministre dans cette affaire, alors que le procureur général avait requis pour lui un an de prison avec sursis et 50 000 beaux euros. Son ancien ministre de la Défense a été, quant à lui, condamné à deux ans de prison avec sursis et 100 000 amende d’euros pour complicité d’abus de biens sociaux.
Un nouveau procès attendu par les familles des victimes
Cette nouvelle audience est donc l’occasion de rebattre les cartes des condamnations des six prévenus dans cette affaire, dont Ziad Takieddine qui, dans une autre affaire, accuse l’ancien président Nicolas Sarkozy d’avoir reçu de l’argent de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne présidentielle victorieuse de 2007. Il est actuellement incarcéré à Beyrouth après avoir fui vers le Liban suite à sa condamnation dans l’affaire de Karachi. Les proches des victimes de l’attentat de 2002 sont en tout cas suspendus de ce nouveau jugement.