Neuf membres des « Citoyens du Reich », accusés d’avoir planifié un coup d’État, comparaîtront ce lundi devant le tribunal de Stuttgart. Il s’agit du premier des trois procès majeurs contre le groupe conspirationniste.
Ce lundi 29 avril marque le début d’un procès d’envergure en Allemagne : neuf membres présumés des « Citoyens du Reich » seront entendus par le tribunal de Stuttgart. Tous sont accusés d’appartenance à une organisation terroriste et de haute trahison pour avoir fomenté une tentative de coup d’État en 2022. Parmi les accusés figure un homme qui a blessé deux policiers lors d’une perquisition le 22 mars 2023.
48 jours d’audience sont prévus pour ce procès qui devrait durer jusqu’en 2025. 27 personnes sont accusées au total. Trois tribunaux de district de Stuttgart, Francfort-sur-le-Main et Munich jugeront simultanément l’affaire, une première en Allemagne. Retour sur les événements qui ont conduit à cette affaire inédite.
Préparation d’un coup d’État avec à sa tête le prince Henri XIII
L’affaire remonte au 7 décembre 2022, lorsque la police allemande a lancé la plus grande opération antiterroriste de l’après-guerre. Près de 3 000 policiers procèdent à des perquisitions auprès des membres présumés de la milice armée du petit groupe de « Citoyens du Reich ». 27 personnes sont inculpées. Parmi eux : un cuisinier, un avocat, un ancien membre du parti d’extrême droite AfD, d’anciens militaires du Bundeswehr (armée allemande)… et le prince Henri XIII de Reuss, issu d’une lignée de souverains de Thuringe. Cet homme de 72 ans, entrepreneur immobilier à Francfort-sur-le-Main, est soupçonné d’être le cerveau et l’instigateur de la tentative de coup d’État, destinée à le porter au pouvoir, en compagnie d’une vingtaine d’autres hommes d’extrême droite. théoriciens du complot. Descendant d’une ancienne famille royale, son château de Thuringe a également été perquisitionné. Il sera jugé le 21 mai à Francfort-sur-le-Main.
À partir de ce moment, la police allemande perquisitionna à plusieurs reprises au domicile de membres présumés du groupe. « Citoyens du Reich ». L’un des accusés, Markus L., qui comparaîtra ce lundi à Stuttgart, a grièvement blessé deux policiers avec une arme automatique lors de la perquisition à son domicile le 22 mars 2023 à Reutlingen.
Ces membres du groupe présumé « milice armée » de la « Citoyens du Reich » aurait prévu de renverser le Bundestag. Pour ce faire, ils auraient organisé des réunions secrètes pour apprendre à tirer, rapporte le Spiegel. Ils auraient délibérément accepté de tuer des gens pour réaliser leur projet. Selon une enquête menée par la chaîne publique ARD, il s’est avéré que leur projet de créer « un nouveau gouvernement » étaient très concrets : certains membres du petit groupe s’étaient même assignés des fonctions pour « leur état ». A sa tête donc, le prince Henri XIII. À la Justice, l’ancienne députée de l’AfD Birgit Malsack-Winkemann.
Qui sont les « citoyens du Reich » ?
Le mouvement de « citoyens du Reich », Reichsburger en allemand, a été créée dans les années 1980. Le petit groupe de citoyens du Reich autour du prince Henri XIII aurait été créé en 2021.
Ses membres ne reconnaissent pas l’État fédéral allemand. Ils considèrent que l’Empire n’a pas disparu. Certains refusent de payer les impôts et n’ont pas de carte d’identité. Selon le Service de protection constitutionnelle, le groupe compte au total près de 20 000 membres, dont 2 300 considérés comme violents. Le groupuscule dispose de près de 380 armes à feu, 350 armes blanches, près de 500 armes supplémentaires ainsi que 148.000 cartouches, selon le parquet fédéral.
Le profil type d’un membre de ce groupe est assez difficile à définir : le groupe comprend des néo-nazis, des théoriciens du complot et des personnalités antisémites. La plupart sont issus des rangs de l’extrême droite.
« Ce ne sont pas des oncles sympas avec des idées folles »
La presse nationale dresse le portrait d’un groupuscule très inquiétant, notamment en raison de sa possession d’armes. Le quotidien de tendance libérale Zeitung d’Allemagne du Sud estime donc qu’il serait « naïf » considérer le « citoyens du Reich » comme de simples imbéciles. C’est également l’avis du tribunal de Stuttgart : « Ce ne sont pas des oncles sympas avec des idées folles » affirme son président, le magistrat Andreas Singer, au journal local Zeitungsverlag Waiblingen.
Une chose est sûre : c’est un grand procès qui s’annonce. L’acte d’accusation fait à lui seul 600 pages et les dossiers s’étendent sur 700 classeurs, contenant pas moins de 400 000 feuilles.