Le procès de l’ancienne maire de Canteleu (Seine-Maritime) Mélanie Boulanger, jugée avec 18 autres prévenus pour trafic de stupéfiants étendu dans sa petite ville de Seine-Maritime, a été de nouveau suspendu lundi jusqu’à 14 heures par le tribunal correctionnel de Bobigny. à la demande des avocats, après un premier faux départ lors de son ouverture il y a une semaine.
A la reprise du procès après une semaine de suspension en raison d’un appel, le président de la 13ème chambre du tribunal correctionnel a donné lecture vendredi de l’ordonnance rendue.
La chambre criminelle de la Cour de cassation rejette les demandes des avocats de certains prévenus et considère que les débats devant le tribunal correctionnel peuvent avoir lieu en attendant leur décision sur le fond.
Les avocats de la défense ont toutefois demandé davantage de temps pour prendre connaissance de cette décision et préparer leur défense.
L’audience doit donc reprendre à 14 heures. Les avocats envisagent de soulever d’autres demandes en nullité. Le cas échéant, l’examen du fond du dossier pourrait débuter au mieux en fin d’après-midi.
Fruit de deux années d’enquête, la tentaculaire affaire Canteleu, commune populaire de 14 000 habitants de l’agglomération rouennaise, illustre l’enracinement et la puissance grandissantes du trafic de drogue dans les petites et moyennes villes de France, dont le mois s’est inquiété. dernier un rapport du Sénat.
Élue maire en 2014 et figure du socialisme normand, Mélanie Boulanger est soupçonnée d’avoir fait pression sur les services de police pour qu’ils ne s’immiscent pas dans les affaires du redoutable clan Meziani, réputé pour diriger le trafic de drogue dans sa ville et y régner. Dans la terreur.
Aux côtés de l’ancienne maire – elle a démissionné en début d’année – le tribunal de Bobigny doit entendre tout au long du mois de juin les principaux acteurs présumés du réseau : les dirigeants, leurs lieutenants, les fournisseurs et les blanchisseurs.
L’ancienne maire de Canteleu Mélanie Boulanger arrive au tribunal avec son avocat, Me Arnaud de Saint-Rémy (d), le 27 mai 2024 à Bobigny, en Seine-Saint-Denis / Thomas SAMSON / AFP/Archives
L’affaire a débuté en septembre 2019 avec l’interpellation dans un parking de Saint-Denis de deux individus effectuant une transaction de drogue.
L’un transportait 50 000 euros en espèces, l’autre 2 kg de cocaïne pure à 80 %.
L’enquête sur l’acheteur a rapidement amené les policiers de Seine-Saint-Denis à Canteleu, base de la famille Meziani, soupçonnée d’être l’un des principaux acteurs du trafic de drogue dans la région rouennaise.
Selon l’enquête, la fratrie a soufflé le chaud et le froid sur l’élue, via son adjoint Hasbi Colak, également poursuivi.
Hasbi Colak, ancien adjoint au maire de Canteleu, arrive au tribunal de Bobigny, le 27 mai 2024 / Thomas SAMSON / AFP/Archives
L’enquête, riche en écoutes sonores et clandestines, a mis au jour un important réseau d’importation et de vente de stupéfiants, dont du cannabis, de l’héroïne et de la cocaïne.
Selon les estimations de la police, leur organisation a engrangé plus de 10 millions d’euros de bénéfices annuels rien qu’avec la cocaïne et l’héroïne.
La décision du tribunal est attendue fin juin.
