le procès de Donald Trump entre dans le vif du sujet ce lundi
Après une première semaine consacrée à la sélection du jury, il est prêt à juger le candidat républicain dans l’affaire des paiements cachés destinés à acheter le silence d’une ancienne star du porno juste avant l’élection de 2016.
Le procès historique de Donald Trump s’ouvre lundi à New York sur les accusations portées contre l’ancien président des Etats-Unis, qui risque de jeter, témoins embarrassants à l’appui, une lumière crue sur les coulisses de sa conquête de la Maison Blanche en 2016.
Après une première semaine consacrée à la sélection des jurés, le décor est planté : 12 jurés titulaires, sept hommes et cinq femmes, et six suppléants, sont prêts à juger le candidat républicain à l’élection présidentielle de 2024, dans le cas de paiements dissimulés pour acheter le silence d’une ancienne star du porno juste avant les élections de 2016. « Ce sera probablement le procès le plus sensationnel de l’histoire américaine. Les enjeux sont presque infinis »résume l’ancien procureur de New York et professeur de droit à la Pace University de New York, Bennett Gershman.
L’affaire menace Donald Trump d’une condamnation et d’une possible peine de prison à quelques mois de la revanche dont il rêve contre Joe Biden, le 5 novembre. Le procès se déroule sous haute sécurité au quinzième étage du palais de justice de Manhattan, mais un terrible drame s’est produit. vendredi, lorsqu’un homme, promoteur de « théories du complot » selon la police, il s’est immolé par le feu à l’extérieur du bâtiment.
La veille de son suicide, cet homme de Floride de 37 ans brandissait sur place une pancarte accusant Trump et Biden d’avoir fomenté conjointement un coup d’État fasciste. Très perturbé mentalement, il a été arrêté à plusieurs reprises en 2023 pour des faits criminels incohérents.
Les accusations présentées au jury ce lundi
Lundi, les procureurs de Manhattan doivent présenter les charges retenues contre le jury et tenter de démontrer que l’affaire va bien au-delà des 34 falsifications de documents comptables de la Trump Organization accusées du milliardaire républicain de 77 ans. Selon l’accusation, ces contrefaçons présumées permettaient de dissimuler, sous couvert de « frais juridiques »le versement de 130 000 dollars à l’actrice Stormy Daniels en échange de son silence sur une relation sexuelle dix ans plus tôt avec Donald Trump, alors qu’il était marié à sa femme Melania.
Donald Trump a toujours nié cette relation, et pour sa défense, qui s’exprimera après les procureurs, les paiements relèvent de la sphère privée. L’équipe du procureur Alvin Bragg entend prouver qu’il s’agissait au contraire de manœuvres frauduleuses visant à cacher des informations aux électeurs à quelques jours du vote et de la victoire étriquée du républicain face à Hillary Clinton.
Plusieurs témoins devraient révéler les dessous de la campagne et affirmer que d’autres allégations embarrassantes avaient été étouffées grâce à la complicité d’un tabloïd américain qui a acheté l’information pour ne pas la publier. « Chaque jour, nous entendrons des témoignages préjudiciables à Donald Trump »prédit Bennett Gershman.
Crédibilité
Les jurés seront confrontés, entre autres, à ceux de Stormy Daniels elle-même, ou encore de l’ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, devenu l’un de ses pires ennemis. C’est lui qui a payé l’actrice – à la demande de son patron, il assure – avec ses fonds propres, et il a déjà été condamné par la justice dans cette affaire. La défense entend attaquer la crédibilité de ce témoin, également reconnu coupable de mensonge devant le Congrès.
Donald Trump fustige un dossier vide et dénonce une persécution politique en usant de termes virulents contre le juge « corrompu » qui préside les débats, Juan Merchan et Alvin Bragg. Les procureurs ont demandé au juge de le sanctionner pour violation de l’interdiction d’attaquer les témoins et les jurés, une question qui sera débattue mardi.
La présence obligatoire de Donald Trump à ses auditions l’empêche de faire campagne normalement, tandis que son rival Joe Biden tente de combler son déficit de popularité en labourant le terrain. Samedi, le républicain a dû annuler un meeting en Caroline du Nord en raison du mauvais temps.
L’enjeu est d’autant plus grand que ce procès pourrait être le seul à se conclure avant l’élection présidentielle, parmi les quatre affaires pénales visant Donald Trump. Il est notamment accusé devant les tribunaux fédéraux de Washington de «complot contre les institutions américaines» pour ses prétendues tentatives illégales d’annuler les résultats des élections de 2020.