Le prix Nobel de littérature 2024 couronne Han Kang, une première pour la Corée du Sud
Romancière et poète, elle succède à l’écrivain norvégien Jon Fosse, consacré en 2023, et à la Française Annie Ernaux l’année précédente.
Un homme, une femme. Une femme, un homme. Chaque année depuis les scandales sexuels et financiers du Nobel, le jury du prix littéraire le plus prestigieux au monde alterne entre auteurs hommes et femmes. En 2023, il a choisi Jon Fosse, la logique voulait donc que cette année, il remette son prix à un auteur. Et c’est désormais chose faite. A 13 heures, l’Académie suédoise annonce, depuis la petite tribune du Svenska Akademien, le nom du Sud-Coréen Han Kang.
» L’œuvre de Han Kang se caractérise par cette double exposition de la douleur, correspondance entre tourment mental et tourment physique étroitement liée à la pensée orientale, » a écrit l’Institution. Elle se caractérise par cette double exposition de la douleur, correspondance entre tourment mental et tourment physique étroitement liée à la pensée orientale.
À 53 ans, elle est devenue la dix-huitième femme sur 116 lauréats du prix Nobel de littérature à recevoir ce prix. Elle est la première auteure sud-coréenne à obtenir cette distinction. Ce faisant, Han Kang déjoue les pronostics des sites de paris en ligne. Son nom était totalement absent des listes, où figuraient les favoris Alexis Wright et son compatriote Gerald Murnane, Mircea Cartarescu, Ngugi Wa Thiong’o ou encore Thomas Pynchon et Michel Houellebecq.
Han Kang est né en 1970 à Gwangju, en Corée du Sud. Fille de l’écrivain Han Seung-won, la petite Han a grandi entourée de livres. « Pour moi, c’étaient des êtres à moitié vivants qui se multipliaient et élargissaient constamment leurs limites », a-t-elle déclaré au journal. Tuteur l’année dernière. Adolescente, elle dévore Astrid Lindgren, Pasternak, Dostoïevski… Et sans doute, cette première compagnie lui donne envie d’écrire.
Kang a commencé sa carrière littéraire en tant que poète puis a publié son premier roman à l’âge de 24 ans. Le végétarien, (Serpent à plumes, 2007) et couronné par l’International Booker Prize qui le fait connaître sur la scène littéraire internationale. Elle est l’auteur d’une dizaine de romans. En France, ses éditeurs comprennent Le Serpent à plumes, Zulma et Grasset. Son dernier roman, Des adieux impossibles, a reçu le Prix Médicis étranger en 2023. Le Figaro littéraire l’a remarqué et a eu ces mots élogieux : « Une chose est sûre, c’est un livre qui ne s’oublie pas et qui vous hante une fois fermé. »
Avec cette nouvelle attribution, subsistent les noms décidément maudits, des Canadiennes Anne Carson et Margaret Atwood, des Portugais Antonio Lobo Antunes, du Kenyan Ngugi wa Thiong’o ou encore du Japonais Haruki Murakami. Mais c’est comme ça, la liste des candidats non retenus ne cesse de s’allonger. Il y avait eu Yves Bonnefoy et René Char, Henry James, Virginia Woolf, James Joyce, Proust et Aragon, les Italiens Italo Svevo, Pier Paolo Pasolini et, désormais, il y aura Don DeLillo (87 ans), Stephen King ( 77 ans). ) ou encore Joyce Carol Oates (86 ans), dont le nom est apparu pour la première fois sur la liste des favoris en 1979 !
En 2023, le prix Nobel de littérature a été décerné au dramaturge norvégien Jon Fosse pour « ses pièces et sa prose innovantes qui donnaient une voix à l’indicible ». L’Académie suédoise a expliqué avoir distingué l’écrivain, âgé de 65 ans, « pour ses pièces de théâtre et sa prose innovantes qui donnaient une voix à l’indicible. » En 2022, c’est la romancière française Annie Ernaux qui a été mise à l’honneur. L’académie a accueilli « le courage et l’acuité clinique avec lesquels elle découvre les racines, les distances et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ».
Avec ce prix, Han Kang repart avec la coquette somme de 11 millions de couronnes suédoises, soit environ 970 000 euros.