Le prix Médicis a été décerné mercredi 6 novembre à Julia Deck pour un roman autobiographique consacré à sa mère, Anne d’Angleterre(Seuil, 256 p., 20 euros). «Je suis très ému de recevoir ce prix»déclaré vainqueur au restaurant La Méditerranée à Paris. Elle l’a emporté avec cinq voix contre quatre pour Thomas Clerc, au troisième tour.
Julia Deck, 50 ans, retrace le destin de sa mère, née à Manchester dans un milieu ouvrier où les livres n’avaient pas leur place. Cette femme va s’émanciper, émigrer en France et se passionner pour la littérature et les arts. « Le danger avec le matériel autobiographique, c’est évidemment d’être fasciné par son sujet et de ne plus donner de sens aux choses pour le lecteur »a relevé Julia Deck, interrogée par l’Agence France-Presse (AFP).
«Je suis fascinée par le parcours amoureux de ma mère depuis très, très longtemps. Parce que c’est une personne née dans un milieu très modeste, avant la Seconde Guerre mondiale, où personne n’avait étudié, et qui a beaucoup bougé, tant socialement qu’intellectuellement, artistiquement.a-t-elle souligné.
Kafka, un sujet « important, profond, infini »
Le Prix Médicis du roman étranger a été attribué au Guatémaltèque Eduardo Halfon, pour Tarentule (Quai Voltaire, 208 p., 17,50 euros). Il a obtenu quatre voix, contre deux pour l’Autrichien Josef Winkler, au huitième tour. « Je suis heureux, choqué, d’arriver à cette cérémonie très officielle »a déclaré le lauréat, venu de Berlin, où il réside, après avoir vécu aux Etats-Unis et à Paris.
« Le livre est issu d’un souvenir de mon enfance, d’un événement tragique assez obscur et dramatique, que j’ai utilisé comme point de départ »explorer « mon identité de Guatémaltèque et mon identité de juif »a-t-il expliqué à l’AFP.
Dans cette fiction, le narrateur se souvient d’un camp de survie pour enfants juifs où l’ont envoyé ses parents, camp qui lui a causé un traumatisme dont il ne comprendra la nature et les ramifications que plusieurs décennies plus tard.
Le prix Médicis de la rédaction a été décerné à l’Allemand Reiner Stach pour le troisième volume de sa biographie de Franz Kafka, Les années de jeunesse (Le Cherche Midi, 800 p., 29,50 euros). Il n’a fallu qu’un seul tour, où il a obtenu six voix.
Le vaste projet qui consistait à traduire en allemand un livre monumental publié entre 2008 et 2014 a été unanimement salué comme novateur, renouvelant à la fois le genre biographique et le savoir du célèbre romancier pragois. Les trois volumes de la traduction française totalisent quelque 2 700 pages.
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« C’était une aventure à long terme et risquée, car nous ne pouvions pas abandonner au milieu du voyage. Si le premier tome ne rencontrait pas son public, on irait quand même jusqu’au bout”a commenté auprès de l’AFP le directeur général du Cherche Midi, Jean Le Gall. «Enfin, le lectorat a découvert, à l’occasion de cette biographie, un essai tout à fait inclassable, combien le sujet de Kafka était important, profond, infini.»il a ajouté.