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Le prix du pétrole au plus bas depuis 17 mois, l’OPEP+ impuissante


Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a reculé de 2,24% à 71,06 dollars. Plus tôt, il était tombé à 70,61 dollars, une première en plus de 17 mois. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI) à échéance octobre, a reculé de 2,14% à 67,67 dollars, après avoir testé un plus bas de 14 mois. En frôlant le seuil psychologique des 70 dollars, le Brent a néanmoins déclenché une réaction technique qui a permis aux prix de limiter la casse.

Un terrain négatif

« Les craintes d’une récession accrue » maintiennent le pétrole en territoire négatif, « malgré le report par l’Opep+ de son plan d’augmentation de l’offre pour octobre », a déclaré Han Tan, analyste chez Exinity. Sous la pression de la récente chute des prix, huit membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) ont convenu jeudi de reporter de deux mois leur calendrier d’augmentation de la production.

En juin, l’Opep+ avait initialement annoncé qu’elle réduirait progressivement ces réductions, à raison de 180 000 barils par jour ajoutés chaque mois à partir d’octobre. Mais le changement de stratégie de l’alliance « n’impressionne pas le marché pétrolier », soulignent les analystes de DNB. « Il n’y a pas de place pour les barils supplémentaires de l’Opep+ en 2025 ». « Ce qui est surprenant, ce n’est pas le report, c’est le fait que ce ne soit que pour deux mois alors qu’ils auraient pu aller au moins jusqu’à la fin de l’année », commente Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

« Nous ne voyons aucun signe que la décision de l’Opep ait stoppé la baisse de la prime de risque sur l’offre », a déclaré Daniel Ghali de TD Securities. « Alors que le sentiment de la demande s’affaiblit, la pression continue de s’exercer sur les prix », a poursuivi l’analyste.

Encore un mauvais indicateur

Depuis plusieurs semaines, une série d’indicateurs chinois ne cessent de dépeindre une économie cahoteuse, loin du rebond annoncé depuis près de deux ans. Dans le même temps, aux Etats-Unis, premiers consommateurs mondiaux d’or noir, l’économie se dégrade clairement, sous l’effet de taux d’intérêt élevés. Dans ce contexte, « le rapport sur l’emploi n’a pas aidé », a estimé Andy Lipow.

Selon le ministère du Travail, l’économie américaine n’a créé que 142.000 emplois en août, soit moins que les 175.000 attendus par les économistes, les chiffres de juin et juillet étant également fortement revus à la baisse.

Les limites de l’alliance

La chute des prix met en évidence les limites de l’alliance. « L’OPEP+ peut influencer l’offre mais pas la demande, et la faiblesse de la demande est actuellement la principale préoccupation et le moteur de la faiblesse observée des prix », insiste Ole Hansen de Saxo Bank.

« Pour que l’Opep+ soutienne les prix du pétrole, elle doit abandonner complètement l’ambition d’ajouter des barils au marché et être très claire sur sa volonté de réduire encore sa production », poursuivent les analystes de DNB. « Le report de deux mois de l’augmentation annoncée de la production, qui ne résout rien, pourrait être le signe de tensions croissantes au sein du groupe », notent-ils également.

Car en plus de ne pas pouvoir enrayer la baisse des prix du brut, les pays exportateurs doivent faire face à la concurrence de la montée en puissance d’autres nations pétrolières comme les États-Unis, le Brésil ou la Guyane. Et en maintenant contre vents et marées une production limitée avec pour objectif des prix plus élevés, l’Opep+ « cède involontairement des parts de marché à d’autres producteurs », rappelle Kieran Tompkins, de Capital Economics.

Manque de réaction

« Je ne serais pas surpris », prévient Andy Lipow, « si en novembre ils décidaient de repousser encore plus loin les hausses (de production). » L’absence de réaction des opérateurs à l’annonce de l’Opep+ jeudi reflète aussi la circonspection d’un marché habitué à voir plusieurs membres du cartel déroger aux engagements pris par l’alliance.

Ces derniers mois, l’Irak et le Kazakhstan ont notablement dévié de leurs objectifs et dépassé leurs quotas. « Le marché dit toujours à l’Opep : montrez-moi les réductions de production avant que je vous croie », selon Andy Lipow.

europe1 Fr

Eleon Lass

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