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le prix de vente du baril d’un château liquidé scandalise la profession

le prix de vente du baril d’un château liquidé scandalise la profession

Nune nouvelle effervescence dans le vignoble bordelais et une énième illustration, s’il en manquait, de la crise frappante et profonde qu’il traverse. Au début de l’automne, le matériel et les stocks viticoles du Château Grand Housteau, situé à Saint-Germain-de-Grave, en Sud Gironde, ont été mis aux enchères dans le cadre d’une procédure de liquidation judiciaire. . Plusieurs centaines d’hectolitres du domaine ont été vendus à un prix imbattable, à 7 euros l’hectolitre, soit 5 centimes les 75 centilitres (une bouteille classique). « On n’est pas à 750, 600 ou même 500 euros le baril, mais autour de 60 », se désespère Didier Cousiney, figure emblématique du collectif Viti 33. « Franchement, je n’ai même plus d’adjectif pour qualifier ce prix… »

 » Honteux « 

Au Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), le vice-président Bernard Farges juge cette nouvelle situation « honteuse », « inconcevable », « moralement insupportable », injuriant de « voir des vautours » adopter un tel comportement. Selon nos informations, le vin en vrac a été acheté par un petit négociant, ancien vigneron habitant à une dizaine de kilomètres du Château Grand Housteau, dans l’Entre-deux-Mers, ce vignoble de Gironde le plus touché par la crise, où des hectares en friche ou abandonnés les vignes sont légion.

« Que ces ventes passent sous les radars du secteur interprofessionnel est totalement inacceptable »

Il était injoignable ce mercredi 9 octobre. Vous pouvez retrouver quelques produits sur le site du commerçant : sous la même marque, son vin est vendu en bouteille pour un peu plus de 5 euros la bouteille ou 18 euros en cubes de 5 litres. Avec un achat à 7 euros l’hectolitre, on imagine aisément les marges considérables que cela pourrait générer.

L’histoire du Château Grand Housteau, quant à elle, incarne le déclin d’une partie de la viticulture girondine. Longtemps propriété appartenant à une sérieuse famille bordelaise, vendue à des investisseurs étrangers il y a quelques années, ses trente hectares ont finalement été « abandonnés depuis deux ans », selon le maire Denis Chaussie. Elle a été placée en redressement judiciaire en 2023, la transformation en liquidation a été prononcée l’hiver dernier. La vente aux enchères de son matériel vitivinicole et de ses vins a eu lieu jeudi 26 septembre.

Un vin ni certifié ni contrôlé

Outre son prix misérable, les conditions de vente du vin « liquidé » scandalisent également toute la profession, la transaction ayant apparemment été réalisée sans aucune certification (enregistrement de la vente) ni contrôle qualité (déclaration à l’organisme QualiBordeaux). « Nous voulons quelque chose de réglementé ! » explose Didier Cousiney, dont le collectif a mis en scène ses avocats. « La profession se porterait bien, ce ne serait pas une telle levée de boucliers, mais vu le contexte, il faut réagir et vite. »

Pointée du doigt par certains représentants syndicaux ou viticulteurs, l’interprofession doit rencontrer les acteurs (juges et agents) du monde judiciaire ce jeudi 10 octobre pour que les règles de commercialisation du vin s’appliquent, même dans le cadre d’une liquidation. Bernard Farges, du CIVB, se défend jusqu’à présent de tout attentisme : « Nous avons alerté sur cette situation en juillet dernier lors d’une réunion de la cellule de crise puis envoyé de nombreux courriers et demandes aux juges. » « Que ces ventes passent sous les radars du secteur interprofessionnel est totalement inacceptable », poursuit celui qui compte aussi peser sur la hausse des prix des futures enchères.

Car malheureusement, le dirigeant, à l’image du monde viticole bordelais, sait pertinemment que la liquidation du Château Grand Housteau n’est pas un cas isolé. Plusieurs enchères ont déjà eu lieu et d’autres se profilent. « C’est un sujet autrefois exceptionnel qui va se reproduire », regrette Bernard Farges tandis que la Confédération paysanne, très critique envers le CIVB dans son dernier communiqué, s’alarme des conséquences de « ces ventes à prix sacrifié ».

« Nous risquons désormais une faillite générale »

Ils « risquent d’entraîner toutes les exploitations vers le bas », estime le syndicat agricole, qui réclame une intervention rapide des pouvoirs publics. « Comment une succession en redressement judiciaire pourrait-elle présenter un plan de redressement crédible et éviter une liquidation pure et simple tant que le commerce peut s’approvisionner à bas prix dans ces enchères ? Nous risquons désormais une faillite générale. »

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