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Le prêt hypothécaire sur 40 ans deviendra-t-il bientôt une réalité ?

Le marché immobilier américain traverse une période tumultueuse. Les taux d’intérêt élevés et les prix record de l’immobilier rendent l’achat d’un logement inaccessible à toute la classe ouvrière et à une grande partie de la classe moyenne. Face à cette crise de l’accessibilité, des voix s’élèvent pour proposer des solutions innovantes.

John Hope Bryant, PDG d’une organisation à but non lucratif spécialisée dans l’éducation financière, fait partie de ceux qui prônent un changement radical. Sa proposition ? Prolonger la durée standard des prêts immobiliers de 30 à 40 ansCette idée, présentée dans une chronique publiée sur CNBC, a rapidement provoqué une réaction des experts du secteur.

Un coup de pouce pour l’accessibilité au logement ?

L’argument principal en faveur du prêt hypothécaire sur 40 ans est simple : mensualités moins élevéesEn étalant le remboursement sur une période plus longue, les acheteurs potentiels verraient leurs mensualités diminuer d’environ 7 % par rapport à un prêt traditionnel sur 30 ans.

Pour illustrer ce constat, prenons une maison dont le prix médian aux États-Unis est de 412 000 dollars. Avec un acompte de 20 % et un taux d’intérêt de 6,50 %, les mensualités passeraient de 2 083 dollars pour un prêt sur 30 ans à 1 930 dollars pour un prêt sur 40 ans. Cette différence de 153 dollars par mois pourrait faire passer de nombreux ménages de locataires à propriétaires.

Bryant va plus loin en proposant d’intégrer ce nouveau type de prêt au système de la Federal Home Loan Bank, avec des subventions fédérales pour les primo-accédants qui suivraient une formation financière.

Des avantages économiques potentiellement importants

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© Quince Creative / Pixabay

Les partisans du prêt hypothécaire sur 40 ans ne s’appuient pas uniquement sur des arguments liés à la faisabilité financière. Ils soulignent les avantages potentiels pour l’ensemble de l’économie américaine.

Selon cette vision, faciliter l’accès à la propriété permettrait de stimuler de nombreux secteurs connexes. Les nouveaux propriétaires investiraient dans le mobilier, l’électroménager, les travaux de rénovation et les différents services liés à l’habitat. Ce cercle vertueux contribuerait à dynamiser l’économie locale et nationale.

De plus, les partisans de la mesure soulignent que les propriétaires ont tendance à être plus impliqués dans leur communauté et à contribuer davantage à la stabilité économique. L’augmentation du taux d’accession à la propriété pourrait donc avoir des effets positifs à long terme sur l’économie du pays.

Adaptation aux évolutions démographiques

Un argument intéressant avancé par Bryant est l’adéquation de la durée du prêt à l’espérance de vie actuelle. Le prêt sur 30 ans, qui a vu le jour pendant la Grande Dépression, correspondait à une époque où l’espérance de vie était d’environ 60 ans. Aujourd’hui, alors que l’espérance de vie approche les 80 ans, un prêt sur 40 ans serait plus en phase avec la réalité démographique.

Cette perspective interroge sur l’évolution de nos modèles financiers face aux changements sociétaux. Faut-il adapter nos outils économiques à l’allongement de l’espérance de vie ? Le débat dépasse le simple cadre du marché immobilier pour toucher à des enjeux sociétaux plus larges.

Les zones grises du prêt à 40 ans

Crédit Monabanq
© Unsplash / André Taissin

Malgré ses promesses, le prêt hypothécaire à 40 ans suscite également des inquiétudes. Les principales critiques concernent le coût total du créditMême si les mensualités sont moins élevées, le montant total des intérêts payés sur la durée du prêt serait nettement plus élevé qu’avec un prêt sur 30 ans.

Cela pose la question de l’équité à long terme d’un tel système. N’y a-t-il pas un risque de créer une nouvelle forme de dette à très long terme, potentiellement problématique pour les générations futures ? Ne serait-il pas plus juste de travailler sur le problème sous-jacent du marché immobilier ?

De plus, certains experts craignent que cette mesure ne fasse qu’accentuer la hausse des prix de l’immobilier. En rendant l’achat plus accessible, elle pourrait stimuler artificiellement la demande sans pour autant résoudre le manque de logements disponibles.

Vers une réforme plus globale du marché immobilier ?

Le projet de prêt hypothécaire sur 40 ans met en lumière les dysfonctionnements actuels du marché immobilier américain. S’il apporte des réponses intéressantes, il ne peut à lui seul résoudre tous les problèmes.

De nombreux experts soulignent la nécessité d’augmenter l’offre de logements pour faire réellement baisser les prix. Construire davantage de logements, notamment dans les zones urbaines sous pression, reste un défi majeur pour les années à venir.

Par ailleurs, d’autres pistes sont explorées pour améliorer l’accès à la propriété : renforcer les programmes d’aide à l’apport personnel, développer de nouvelles formes de propriété partagée, ou encore réformer les politiques de zonage pour favoriser la densification urbaine.

Une prolongation de crédit en France est-elle également possible ?

Maison immobilière
© Ian MacDonald – Unsplash

En France, la durée maximale des prêts immobiliers est de généralement plafonnée à 25 ans, avec des exceptions possibles allant jusqu’à 30 ans dans certains casCette limitation est une recommandation du Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) visant à prévenir le surendettement des ménages.

Cette proposition de prêt sur 40 ans susciterait probablement des inquiétudes sur l’endettement des ménages à très long terme, un sujet plus sensible ici qu’outre-Atlantique.

L’idée d’un prêt sur une durée aussi longue est peu probable en France, mais qui sait ce que l’avenir nous réserve économiquement…

  • Un prêt hypothécaire sur 40 ans proposé pour rendre l’accession à la propriété plus abordable aux États-Unis
  • Cette mesure pourrait stimuler l’économie, mais suscite des inquiétudes quant à la dette à long terme.
  • Une telle mesure paraît plutôt improbable en France.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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