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Le président sortant joue au tout ou rien dans cette émission télévisée

Joe Biden lors du dernier débat présidentiel en 2020 (image d'illustration)
JIM BOURG / AFP Joe Biden lors du dernier débat présidentiel en 2020 (image d’illustration)

JIM BOURG / AFP

Joe Biden lors du dernier débat présidentiel en 2020 (image d’illustration)

ÉTATS-UNIS – On prend les mêmes et on recommence. Près de quatre ans après leur dernière confrontation, les deux candidats à la présidentielle américaine Joe Biden et Donald Trump se retrouveront ce jeudi 27 juin sur CNN en plateau pour le premier débat de l’élection présidentielle de 2024, à cinq mois du scrutin. Une réunion de 90 minutes à double ou rien, notamment pour le président dont l’état de santé est au centre des préoccupations.

À 81 ans, Joe Biden est le plus vieux président américain en exercice. Ses absences sont régulièrement pointées du doigt par ses détracteurs, mais font aussi parfois l’objet d’une campagne de désinformation, à travers des vidéos manipulées largement partagées sur les réseaux sociaux. En l’absence d’héritier suffisamment établi sur la scène nationale – la vice-présidente Kamala Harris n’a pas réussi à s’imposer dans l’opinion publique –, le démocrate dont la candidature n’excite pas les foules est pourtant vu comme le seul capable de battre Donald Trump le 5 novembre.

Bien qu’il n’ait que trois ans de moins, le milliardaire est le premier à se moquer de l’âge du démocrate. Lors du débat de ce jeudi, entre deux attaques contre son bilan économique et sa politique d’immigration, il s’interrogera certainement sur la capacité de celui qu’il surnomme « Joe l’endormi » (« Joe le Dormeur ») pour gouverner et le dépeindre comme un homme sénile qui n’a pas sa place dans le Bureau Ovale.

Trump, Biden et la drogue

C’est là que tout se joue pour le président démocrate. Alors que l’Amérique n’a jamais été aussi divisée et que les sondages placent les deux candidats au coude à coude – avec même un léger avantage pour Donald Trump dans les États clés, qui seront décisifs le 5 novembre (« États swing ») –, Joe Biden devra prouver qu’il est en pleine possession de ses moyens. Une faible performance pourrait avoir un impact durable sur sa campagne et le mettre dans une position très délicate pour les mois à venir. Au point de remettre en cause sa candidature au sein de son propre parti, et donc son potentiel second mandat.

Biden est légèrement en avance sur Trump dans les sondages nationaux, mais les États clés qui seront décisifs tendent davantage en faveur du républicain.
Cinq Trente-huit Biden est légèrement en avance sur Trump dans les sondages nationaux, mais les États clés qui seront décisifs tendent davantage en faveur du républicain.

CinqTrenteHuit

Mais le démocrate pourrait aussi surprendre, comme ce fut le cas lors du discours sur l’état de l’Union prononcé en mars dernier devant les élus du Congrès. Lors de ce rendez-vous annuel et incontournable de la politique américaine, Joe Biden a montré toute sa vigueur avec son discours enflammé opposant Donald Trump et la démocratie.

Pour livrer une aussi belle prestation intellectuelle et physique sur CNN, Joe Biden s’est préparé pendant plusieurs jours à la résidence de Camp David et a débattu en répétition avec un faux Trump. L’équipe du (vrai) candidat républicain s’est vantée de ne pas avoir besoin de préparer son champion.

« En ce moment, Joe le corrompu est dans un bureau en train d’« étudier » »Donald Trump s’est d’ailleurs moqué lors d’un meeting le week-end dernier. « Mais il dort, parce qu’ils le veulent bon et fort. Et un peu avant le débat, il va se faire piquer aux fesses », a-t-il taclé, en référence à sa nouvelle attaque favorite qui consiste à faire de Joe Biden un consommateur de cocaïne pour se stimuler.

Un deuxième débat le 10 septembre

Ce discours montre que le milliardaire n’est pas serein. Comme l’a analysé New York Times Récemment, l’introduction de drogues dans son discours prouve que sa vision ultra-caricaturale du président pourrait se retourner contre lui si Joe Biden gagnait le débat. LE Washington Post a souligné pour sa part le changement de discours de Donald Trump. Rapide à dénigrer les performances du démocrate lors des précédents débats ou discours depuis des mois, il a changé de braquet ces dernières semaines, estimant que Joe Biden était enfin un « bon débatteur » et qu’il ne voulait pas « Ne le sous-estimez pas ».

Il faut dire que pour Donald Trump aussi, cette rencontre est importante. C’est le premier débat auquel il participe dans cette campagne après avoir refusé d’affronter ses concurrents lors des primaires républicaines. Joe Biden devrait insister sur le bilan mitigé de Donald Trump, sur son implication dans l’interdiction de l’avortement dans certains Etats, et rappellera aux électeurs la dangerosité du personnage, quatre ans après sa défaite qu’il n’a toujours pas acceptée. Mais l’actuel président veut aussi « laisse-le dire ce qu’il pense » et le «  pousser dans une telle direction qu’il parlera, par exemple, de suspendre la Constitution. C’est aussi ce que redoutent les proches de l’ex-président, Donald Trump étant habitué à des élans lyriques peu cohérents face à l’adversité.

C’est la première fois qu’un débat présidentiel américain est organisé aussi tôt dans la campagne, et volontairement. Joe Biden, qui a le plus à perdre mais aussi à gagner, veut montrer qu’il est présent malgré les critiques venant des Républicains et de son propre camp. Il tient à montrer qu’il est capable de déstabiliser Donald Trump et qu’il est le candidat légitime du Parti démocrate. S’il échoue, il aura une seconde chance de convaincre lors du prochain débat prévu le 10 septembre. A moins qu’il ne soit trop tard.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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