Le président Saied limoge son Premier ministre sans explication
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Le président Saied limoge son Premier ministre sans explication

Le président Saied limoge son Premier ministre sans explication

Les services du président Kais Saied en Tunisie ont annoncé ce mercredi soir 7 août, le limogeage du Premier ministre Ahmed Hachani, sans donner aucune explication officielle, et son remplacement par le ministre des Affaires sociales Kamel Madouri, récemment nommé à ce poste, rapporte le quotidien.AFP.

Un régime hyper-présidentialiste

Ahmed Hachani lui-même a succédé le 1er août dernier à Najla Bouden, elle aussi limogée sans justification officielle par le président Kais Saied, qui a pris tout le pouvoir en Tunisie depuis son coup d’Etat du 25 juillet 2021 et est accusé d’autoritarisme par ses détracteurs.

Démocratiquement élu en octobre 2019, Kais Saied a pris les pleins pouvoirs il y a trois ans, limogeant son Premier ministre de l’époque et suspendant le Parlement, qui a ensuite été dissous.

Après avoir révisé la Constitution en 2022 pour instaurer un régime hyper-présidentialiste et élire un nouveau Parlement aux pouvoirs très limités, il a annoncé lundi qu’il briguerait un second mandat lors de l’élection présidentielle qui aura lieu en Tunisie le 6 octobre.

Applications empêchées

Plusieurs de ses rivaux potentiels ont affirmé avoir été empêchés de déposer leur dossier auprès de l’autorité électorale en raison de problèmes administratifs et juridiques.

Le journaliste Nizar Chaari, dont les collègues ont été arrêtés la semaine dernière pour suspicion d’achat de sponsorings, et l’amiral à la retraite Kamel Akrout, ont retiré leur candidature cette semaine, n’ayant pas pu obtenir leurs extraits de casier judiciaire.

Le rappeur milliardaire Karim Gharbi, alias K2Rhym, qui avait annoncé son intention de se présenter aux élections, fait l’objet d’une enquête ouverte pour des achats présumés de sponsoring suite à l’arrestation de quatre femmes travaillant sur sa collection signature, ont indiqué mercredi des sources judiciaires aux médias locaux.

L’une des figures de l’opposition, Abir Moussi, 49 ans, emprisonnée depuis octobre 2023 pour divers chefs d’accusation dont complot contre l’Etat, a déposé sa candidature via La juge a été entendue samedi par ses avocats, mais elle a été condamnée lundi soir à deux ans de prison en vertu d’un décret sur la diffusion de fausses nouvelles. Si la peine est confirmée en appel ou si d’autres procédures aboutissent, la cheffe du Parti destourien libre (PDL), qui se revendique comme la descendante des autocrates Bourguiba et Ben Ali, sera officiellement exclue de la course, les candidats étant tenus d’avoir un casier judiciaire vierge.

« Restrictions et poursuites »

Fin juillet, après une visite de quatre jours et des rencontres avec des acteurs de la société civile, la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a déclaré : «Alarmé par le recul extrême des droits» dans le pays qui a vu naître le Printemps arabe.

Au début de la campagne, elle a « La répression gouvernementale observée alimente la peur au lieu des débats animés d’une scène politique pluraliste »dénonçant la « détentions arbitraires » des opposants, le « restrictions et poursuites » contre certains candidats et l’emprisonnement de journalistes. En présentant sa candidature, Kais Saied a écarté les voix critiques, affirmant que « la loi s’applique à tous de manière égale » et en niant toute restriction.

Depuis février 2023, une vingtaine d’éminents hommes politiques, hommes d’affaires et anciens ministres affiliés à l’opposition ont été arrêtés dans le cadre d’une vaste enquête sur un complot présumé contre le président Saied qui les a qualifiés de « les terroristes ».

Le Premier ministre Hachani avait publié dans la journée deux vidéos faisant le point sur les mesures prises pour faire face à la pénurie d’eau et à la situation difficile des transports publics. Son remplaçant Kamel Madouri, technocrate et ancien président de la Caisse nationale d’assurance maladie, avait pris ses fonctions en mai dernier en remplacement de Malek Zahi, limogé en même temps que le ministre de l’Intérieur Kamel Feki, auquel succéda Khaled Nouri.

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