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Le président Luis Arce nie toute conspiration avec l’ancien chef de l’armée dans le cadre du coup d’État manqué

Le président bolivien Luis Arce lors d'une conférence de presse à la résidence présidentielle, à La Paz, le 27 juin 2024.

Le président bolivien Luis Arce a nié jeudi 27 juin toute conspiration avec l’ancien chef de l’armée, arrêté mercredi pour tentative de coup d’État, après avoir déployé des véhicules blindés devant le palais présidentiel à La Paz.

Quatorze civils opposés au coup d’État, auquel a participé la police militaire, ont été blessés par balle, selon les autorités. Certains ont dû être hospitalisés et « exploité »M. Arce l’a déclaré à la presse.

Le général Juan José Zuñiga, arrêté le même jour après avoir finalement retiré ses troupes, a affirmé avoir agi sur ordre du président, qui lui aurait demandé de « mettre en scène quelque chose pour augmenter sa popularité »dans un contexte de grave crise économique.

« Comment pourrait-on ordonner ou planifier un coup d’État ? (…) Il a agi de sa propre initiative. »M. Arce a répondu jeudi. «Malheureusement pour lui, et cela s’est vu, je ne suis pas un homme politique qui gagnera sa popularité avec le sang du peuple. »

Mercredi, Luis Arce a prêté serment à un nouveau commandement des forces armées. En plus du général et du chef de la marine, Juan Arnez Salvador, quinze personnes ont été arrêtées. Les deux chefs militaires sont poursuivis pour « soulèvement armé et terrorisme » et risquent jusqu’à vingt ans de prison.

Des motivations peu claires

La tempête institutionnelle n’a soufflé que quelques heures, mais suffisamment pour révéler la fragilité du pays alors que les appétits s’aiguisent pour l’élection présidentielle de 2025.

Les motivations du chef de l’armée Juan José Zuñiga, qui avait installé des hommes et des véhicules blindés sur la place Murillo, en face du Parlement et du palais présidentiel, restent floues. Avant son arrestation par la police, il avait déclaré vouloir « restructurer la démocratie, en faire une véritable démocratie (…) Pas celle de quelques-uns, pas celle de quelques maîtres qui dirigent le pays depuis trente ou quarante ans..

Le ministre de l’Intérieur Eduardo del Castillo s’en est pris à « deux militaires putschistes qui voulaient détruire la démocratie »Jeudi, il a présenté aux médias une quinzaine d’autres personnes interpellées, menottées, entourées de policiers. « Cette opération était prévue depuis le mois de mai »a-t-il déclaré, ajoutant que trois autres suspects étaient recherchés. Les Nations Unies ont demandé « une enquête approfondie et impartiale sur les allégations de violence ».

La présidence a diffusé mercredi des images montrant le portail du palais présidentiel forcé par un véhicule blindé et le général pénétrant dans l’enceinte, tandis que ses hommes tiraient des gaz lacrymogènes.

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On y voit également le président de gauche venant rencontrer le général et le réprimandant : « Je suis ton capitaine (…) ramener tous les policiers militaires à leur caserne (…) Retirez toutes ces forces maintenant. C’est un ordre, Général.

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De fortes condamnations à l’étranger

Les condamnations des actions du général Zuñiga ont afflué du monde entier. La Russie, où M. Arce a rencontré le président Vladimir Poutine début juin en marge du Forum économique de Saint-Pétersbourg, a exprimé sa « solidarité avec la Bolivie, pays frère et partenaire fiable et stratégique »et a mis en garde contre toute « ingérence » étranger.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a déclaré jeudi qu’il maintenait une visite prévue le 9 juillet en Bolivie pour soutenir son « ami » Luis Arce et  » démocratie « . « Les gens doivent garder à l’esprit qu’il y a des intérêts particuliers dans la réalisation d’un coup d’État »il a déclaré à la radio Itatiaia, rappelant que le pays « suscite beaucoup d’intérêt international pour ses réserves de lithium et de gaz ».

Les États-Unis, la France, l’Espagne et un certain nombre de pays d’Amérique du Sud ont également condamné le coup d’État.

La Bolivie traverse de fortes turbulences en raison d’une baisse de sa production de gaz – sa principale source de devises jusqu’en 2023 – et d’une flambée des prix. La rareté des dollars a notamment provoqué la colère des commerçants et une pénurie de carburant.

En toile de fond également : un conflit entre M. Arce et son mentor politique, l’ancien président Evo Morales (2006-2019), tous deux désireux de se présenter au nom du parti au pouvoir, le Mouvement vers le socialisme (MAS), à l’élection présidentielle de 2025. .

Le général Zuñiga avait exprimé avant son coup d’Etat sa ferme opposition à un éventuel retour au pouvoir de M. Morales, qui bénéficie d’un fort soutien dans tout le pays, mais qui, selon une décision de la Cour constitutionnelle, ne peut se présenter aux élections.

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Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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