Paul Biya, président du Cameroun âgé de 91 ans et au pouvoir depuis 42 ans, a été annoncé mort sur les réseaux sociaux par des milliers d’internautes.
Le gouvernement camerounais a démenti dans un communiqué une « fausse information » provenant de la télévision américaine favorable à une région indépendantiste du Cameroun.
L’état de santé de Paul Biya fait régulièrement l’objet de rumeurs.
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Informations examinées par les commissaires aux comptes
« Paul Biya, le président du Cameroun, est décédé dans un hôpital en France », affiche un message sur (nouvelle fenêtre) vu plus de 160 000 fois depuis le 8 octobre. Et il n’est pas le seul : plus de 7 000 messages en moins de 24 heures ont relayé des informations présumées sur la mort du chef de l’Etat de 91 ans. Au pouvoir depuis 1982, Paul Biya est l’un des présidents les plus anciens en termes de longévité.
De nombreux messages comportent notamment un extrait d’une chaîne de télévision (nouvelle fenêtre)semble être le point de départ de la rumeur. Un présentateur, face caméra, explique que Paul Biya a quitté le pays « pendant un mois pour assister au 69e rassemblement des Nations Unies à Genève » mais que ses médecins auraient jugé son état « trop sérieux » nécessitant un transfert en France.
A l’origine de la rumeur, une télévision indépendantiste camerounaise
L’équipe des Vérificateurs a pu remonter la source de l’allégation du décès du président camerounais : elle a été partagée lundi 7 octobre en fin de journée par ABS Africa TV (nouvelle fenêtre)une chaîne de télévision privée basée à Houston, au Texas. A travers ses reportages, la chaîne ne cache pas son soutien à Ambazonie (nouvelle fenêtre)une région indépendantiste anglophone du Cameroun, dont les dirigeants s’opposent aux autorités camerounaises.
Paul Biya est régulièrement considéré comme l’un des « derniers remparts » à l’unité du Cameroun, et sa mort poserait la question « de l’autonomie des régions anglophones » considère notamment la revue de géopolitique Conflits (nouvelle fenêtre). L’analyse de la propagation de la rumeur montre qu’elle a été principalement amplifiée par les médias nigérians reprenant l’affirmation telle quelle. Le Nigeria étant un pays anglophone voisin du Cameroun.
Alors que les commentaires autour du décès du président s’amplifiaient, les autorités camerounaises ont publié, mardi 8 octobre, plusieurs communiqués pour tenter de mettre un terme aux discussions. « Ces rumeurs sont le fruit de la fantaisie et de la pure imagination de leurs auteurs » a expliqué le gouvernement (nouvelle fenêtre)tandis que la présidence (nouvelle fenêtre)a affirmé que « le chef de l’Etat travaille et vaque à ses affaires à Genève » et devrait retourner au Cameroun « dans les prochains jours ». Toutefois, aucune photo ni vidéo n’a été diffusée par les autorités camerounaises.
La santé du président camerounais en question
Paul Biya se trouve donc en Suisse, selon les informations officielles, où il séjourne habituellement avec sa famille. Sa dernière apparition publique a eu lieu au Forum de coopération Chine-Afrique du 4 au 6 septembre. (nouvelle fenêtre) : il avait été photographié, visiblement en forme, aux côtés du président de la République de Chine, Xi Jinping.
Mais depuis, le chef de l’Etat camerounais a annulé ses déplacements pour plusieurs rencontres internationales et nationales : Assemblée générale des Nations Unies à New York, sommet de la Francophonie en France. (nouvelle fenêtre)et finale de la coupe du Cameroun de football.
Avant la diffusion de la vidéo d’ABS Africa TV, l’équipe des Vérificateurs a pu constater plusieurs publications d’internautes camerounais sur Facebook depuis début octobre se demandant si Paul Biya n’était pas déjà décédé. C’est d’ailleurs loin d’être la première fois que le chef de l’Etat camerounais est annoncé mort : depuis 2004, la première trace d’une rumeur sur sa mort (nouvelle fenêtre)une vingtaine d’allégations similaires ont circulé dans la presse et sur les réseaux sociaux.
Reste que le manque de communication sur l’état de santé de Paul Biya, possible candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025 pour briguer un 7e mandat, est critiqué par plusieurs membres de l’opposition camerounaise : ces derniers pointent les risques de « diverses spéculations, dont celles sur les réseaux sociaux » en raison du manque de transparence des autorités camerounaises. Cet exemple récent a confirmé leurs craintes.