Le premier vol réussi du Starship valide la méthode d’Elon Musk
Pas d’explosion en vol ni de rampe de lancement détruite. Après un vol de plus d’une heure et malgré une rentrée atmosphérique délicate, Starship, la fusée géante conçue par Elon Musk, a réussi à revenir sur la planète le 6 juin pour amerrir dans l’océan Indien, tandis que le premier étage effectuait un retour contrôlé dans le golfe du Mexique. Un succès majeur pour cette fusée XXL, longue de 120 mètres, dotée d’une capacité d’emport dix fois supérieure à celle d’Ariane 5.
La quatrième tentative du Starship, qui doit permettre au final au patron de SpaceX d’accomplir ses rêves de conquête de Mars, aura donc été la bonne après trois essais qui se sont soldés par des explosions spectaculaires en plein vol. Ce succès couronne la méthode SpaceX : le développement itératif.
Une approche coûteuse mais efficace
Il s’agit de réduire la phase de conception pour arriver très rapidement à un prototype, testé en vol, selon Paul Wohrer, chercheur spécialiste des questions spatiales à l’Institut français des relations internationales (Ifri). L’échec est attendu et accepté, les leçons des vols précédents alimentant la conception du lanceur. Ce type de développement brouille la frontière entre réussite et échec, les progrès étant généralement considérés comme plus importants que la réussite de toutes les phases du test.
Une méthode radicalement différente de ce qui se fait traditionnellement dans le secteur spatial, où tout doit fonctionner du premier coup, au prix de surspécifications et de vérifications longues et coûteuses. SpaceX apprend de ses échecs pour développer ses vaisseaux. Notamment en récupérant et en exploitant les précieuses données produites lors des différentes tentatives. Une méthode industrialisée qu’Elon Musk a mise en œuvre pour développer sa fusée Falcon 9 ou encore sa capsule de transport d’équipage Crew Dragon et sa fusée lourde Starship.
Mais ce modèle de développement a aussi ses contraintes : il nécessite d’avoir les poches profondes d’un milliardaire qui ne lésine pas sur les dépenses pour produire un grand nombre de prototypes. Starship est une rupture technologique, mais aussi économique. Avec une telle fusée capable d’emporter jusqu’à 100 tonnes de charge utile, SpaceX promet aussi de réduire drastiquement le coût du kilogramme envoyé en orbite. La révolution Starship ne fait que commencer.
Vous lisez un article de L’Usine Nouvelle 3732-3733 – Juillet-Août 2024
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