Le Premier ministre thaïlandais Sretta Thavisin démis de ses fonctions par la Cour constitutionnelle
Le Premier ministre thaïlandais Srettha Thavisin sera resté à la tête du pays moins d’un an. La Cour constitutionnelle thaïlandaise a débouté, mercredi 14 août, par cinq voix contre quatre, cet ancien promoteur immobilier pour « violation flagrante des règles éthiques », au motif qu’il avait nommé en mai un ministre qui avait auparavant été en prison, mais ce dernier a démissionné quatre jours plus tard.
Une semaine plus tôt, le 7 août, les mêmes juges avaient décrété la dissolution du premier parti d’opposition, Move Forward, et l’inéligibilité de ses dirigeants pour dix ans. Motif : avoir fait campagne pour réformer la loi sur le lèse-majesté.
Le zèle de la Cour constitutionnelle, mise au service des forces les plus conservatrices du royaume, n’est pas nouveau : l’institution thaïlandaise a mis fin prématurément aux fonctions de tous les chefs de gouvernement issus du camp de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra (2001-2006), destitué par un coup d’Etat et revenu d’exil il y a un an. Sretta – les Thaïlandais désignent leurs dirigeants politiques par leur prénom -, son nouvel homme de main, est le quatrième d’entre eux.
Ont également été dissous tous les partis de la famille Thaksin qui ont précédé le parti Pheu Thai (Pour les Thaïlandais), d’où est issu Sretta et dont le chef n’est autre que la propre fille de Thaksin, Paetongtarn Shinawatra, 37 ans.
Un paysage politique en ébullition
Alors que la décision du 7 août était attendue, celle du 14 août avait été largement présentée comme improbable dans la presse thaïlandaise. Cette double décapitation bouleverse désormais le paysage politique issu des législatives du 14 mai 2023 : non contente de couper les ailes de l’opposition et des vainqueurs du scrutin, la cour constitutionnelle a donc choisi d’affaiblir également le parti de Thaksin.
Ce dernier, Pheu Thai, qui a terminé deuxième aux dernières élections en mai 2023 Derrière Move Forward, le parti avait choisi de former un gouvernement de coalition avec les « perdants » de l’élection, c’est-à-dire les forces sortantes, dont les partis des généraux putschistes qui ont renversé, en 2014, le gouvernement d’Yingluck Shinawatra, la sœur de Thaksin. En échange, cette dernière avait été autorisée à rentrer en Thaïlande et à bénéficier d’une grâce royale.
Ce pacte commencerait-il à se fissurer ? L’ancien magnat des télécoms d’origine chinoise, qui vient de fêter ses 75 ans, mène depuis le début de l’année une sorte de campagne électorale pour reconstruire la base électorale de son parti. Il semble de plus en plus impliqué dans les affaires du gouvernement, même s’il n’occupe aucun rôle officiel et n’est pas membre du parti.
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