le Premier ministre s’en prend au RN qui a « changé d’avis sur presque tout »

La présidente des députés RN à l’Assemblée a félicité le président de son parti pour sa prestation lors du débat avec le Premier ministre.

« Je pensais que Gabriel Attal tenterait dans ce débat de se mettre à la hauteur de ses responsabilités de Premier ministre mais aussi des énormes défis auxquels est confrontée la France. Échec », a-t-elle écrit sur X.

Elle a ajouté : « La hauteur était du côté de Jordan Bardella, seul pour défendre les Français. »

A plus de deux semaines des élections européennes, Gabriel Attal et Jordan Bardella ont débattu pendant plus d’une heure. Vision de l’Europe, pouvoir d’achat, passation d’armes… Découvrez ce qu’il faut retenir de cet échange dans notre article.

Invitée sur France 2 juste après la fin du débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, la tête de liste insoumise Manon Aubry a « le sentiment d’avoir été témoin d’un concours de mensonges ».

« Je ne supporte plus ce duel qui est un duo », a-t-elle déclaré, déplorant un « match amical » sur l’immigration.

Le Premier ministre a reproché à son adversaire du débat de ne parler que de politique nationale. « Son souhait est qu’on ne parle pas de l’Europe », a-t-il déclaré.

« La réalité, c’est que vous n’aimez pas l’Europe, vous la détestez », a déclaré Gabriel Attal. « En fin de compte, vous voulez qu’on s’en sorte. »

Jordan Bardella a fermement démenti ces accusations.

Jordan Bardella a annoncé que son parti avait « condamné sans la moindre ambiguïté » l’invasion russe en Ukraine mais reconnu une « naïveté collective à l’égard de Vladimir Poutine ».

Il avait ensuite reproché à Emmanuel Macron d’avoir reçu le président russe au fort de Brégançon. Une position assumée par le Premier ministre, mettant en avant la volonté française de « faire changer les plans du chef du Kremlin ».

Gabriel Attal a néanmoins reproché à Marine Le Pen de s’être rendue en Russie pour « féliciter l’annexion de la Crimée ». « Ce n’est pas de la naïveté, c’est un compromis. »

Le président du RN est revenu sur les déclarations controversées du chef de l’Etat sur un éventuel envoi de troupes européennes en Ukraine. Selon lui, il a « jeté de l’huile sur le feu ».

« Je ne me joue pas au général en chef de l’Europe », a ajouté Jordan Bardella.

Concernant la défense européenne incluant l’arme nucléaire française, évoquée par Emmanuel Macron, le candidat RN aux européennes a clamé : « L’arme nucléaire doit rester française ».

Gabriel Attal a insisté pour « continuer à investir dans la défense européenne ».

Gabriel Attal dit avoir découvert des contradictions et un problème de faisabilité dans ce concept de « double frontière ».

Qu’en est-il par exemple du contrôle quotidien d’« un demi-million » de frontaliers français, s’interroge-t-il.

« Votre programme est un Banco : il y a beaucoup de promesses, mais quand vous grattez la surface, il n’y a rien derrière. »

Jordan Bardella s’est alors dit favorable à « une immigration de travail » pour répondre aux « besoins ponctuels » de l’économie française.

« Nous ne serons jamais d’accord sur l’immigration. » Le Premier ministre s’en est pris à la politique migratoire défendue par le Rassemblement national.

« La présentation du sujet que vous faites, où on a le sentiment que derrière chaque étranger, chaque immigré, il y a un potentiel délinquant ou terroriste, je la trouve révoltante », a-t-il déploré.

Jordan Bardella a répondu : « Je pense que presque toute la délinquance et la criminalité sont liées à notre incapacité à contrôler les flux migratoires. »

Selon Gabriel Attal, le programme du RN est « un Banco : il y a plein de promesses mais quand on gratte il n’y a rien derrière ».

Deux mois après le mouvement de colère des agriculteurs français, Jordan Bardella s’en est pris au Premier ministre et à son « modèle qui a mis des milliers de Français dans la rue ».

Le candidat RN aux élections européennes veut « arrêter de mettre en concurrence nos agriculteurs ». Il déplorait alors la « multiplication des accords de libre-échange menaçant l’existence de nos filières », et défendait une « exception agricole française ».

« La méthode du RN, c’est de dire ‘on est contre tout’ et dans cinq ou dix ans si on se rend compte qu’on s’est trompé, on dira qu’on a changé d’avis », déclare Gabriel Attal. « Vous vous opposez à tout ce que nous faisons. »

« Pourquoi as-tu changé d’avis ? Expliquez-nous », demande-t-il.

De la sortie de l’euro, à la sortie de l’Union européenne via le Frexit, le Premier ministre énumère le programme passé du Rassemblement national.

« Il y a deux ans, lors de l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen écrivait noir sur blanc ‘il faut sortir du marché européen de l’électricité’, maintenant vous nous dites que vous voulez y rester », poursuit-il. .

Avant d’ajouter : « Donc la question qui se pose est ‘quand as-tu menti ?’, alors ou aujourd’hui ? »

Ce à quoi Jordan Bardella demande au Premier ministre de « rester élégant ».

Sur la question climatique, les deux hommes s’accordent sur le fait que c’est « le combat de notre génération ».

« Il faut prendre nos responsabilités », a clamé Gabriel Attal.

Selon lui, « il ne suffit pas d’être jeune pour incarner l’espoir ».

« Le seul problème, c’est que l’enfer est pavé de bonnes intentions », a rétorqué Jordan Bardella, déplorant des « ambitions environnementales irréalistes ». Il a notamment évoqué la fin de la vente des véhicules thermiques d’ici 2035.

Selon le président du Rassemblement national, « la réforme du marché européen de l’électricité ne réduira pas les factures ».

Il estime que les règles européennes « empêchent » les entreprises et les Français de « bénéficier des fruits de notre production nucléaire ».

Face à lui, le Premier ministre a rétorqué : « Il a dit des bêtises sur le nucléaire ».

Attaqué par le Premier ministre sur la « priorité nationale » des marchés publics en France défendue par le Rassemblement national, Jordan Bardella « a assumé la fin de la naïveté ».

« On ne fait pas confiance au savoir-faire français », dit-il. « Si la Roumanie fait appel à la France, c’est parce qu’il n’y a pas de savoir-faire en Roumanie. »

Gabriel Attal a ajouté : « Vous allez couper les jambes de nos entreprises », craignant que d’autres pays européens aient recours à ce système.

En préambule du débat, Jordan Bardella et Gabriel Attal ont donné les raisons de l’organisation de l’échange, qu’ils souhaitent « respectueux » et « utile ».

Selon le Premier ministre, Jordan Bardella « porte une vision du retrait, et de la fin de l’Union européenne ».

Ce à quoi le président du RN a répondu qu’il n’était pas « contre l’Union européenne » mais souhaitait la « transformer ».

Le duel aura bel et bien lieu entre le président du RN et le Premier ministre. Gabriel Attal « n’a pas eu beaucoup de temps pour se préparer », reconnaissait son entourage quelques heures avant le débat.

Quant à Jordan Bardella, Marine Le Pen et plusieurs membres de son équipe proche ont pu lui prodiguer des conseils.

Les deux hommes semblent confiants, comme le décrit leur entourage dans notre article.

L’ancienne présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, n’était pas du tout satisfaite de son débat d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 2017 face à Emmanuel Macron. En 2022, il s’est montré plus aguerri, sans suffisamment convaincre.

Son protégé Jordan Bardella, fan des plateaux de télévision et des réseaux sociaux, sera-t-il meilleur qu’elle dans cet exercice ?

Selon l’expert en communication politique, Philippe Moreau-Chevrolet, interrogé par nos confrères de 20 Minutes, le jeune leader du RN reste bien en dessous du niveau de son mentor, même dans les débats télévisés.

« Marine Le Pen a accumulé au fil des années une expérience et une bonne connaissance des dossiers. Son niveau technique est bien supérieur à celui de Jordan Bardella», estime le communicant.

Bonsoir et bienvenue dans ce direct consacré au débat entre le Premier ministre et le président du Rassemblement National.

Gabriel Attal a d’abord souhaité débattre avec Marine Le Pen, qui préférerait affronter Emmanuel Macron.

Au risque de donner des allures de débat présidentiel à ce rendez-vous des élections européennes, Gabriel Attal a fini par accepter le duel avec le président du parti d’extrême droite.

Le chef du gouvernement et la candidate du RN s’affrontent ce jeudi 23 mai à 20h15 sur France 2, dans le cadre de l’émission politique « L’Événement », présentée par Caroline Roux.