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Le Premier ministre promet l’adoption mardi d’une loi controversée sur « l’influence étrangère »

« Le Parlement agira demain selon la volonté de la majorité de la population et adoptera la loi en troisième lecture », a déclaré Irakli Kobakhidze.
TOBIAS SCHWARZ / AFP

Ce projet de loi a déclenché des rassemblements massifs d’opposition. Les manifestants l’ont surnommé le « droit russe»car il imite la législation utilisée par le Kremlin pour réprimer les voix dissidentes.

Le Premier ministre géorgien a promis que le Parlement voterait sur le projet de loi mardi « influence étrangère »malgré des manifestations massives dénonçant un texte détournant le pays de l’Europe et l’entraînant vers Moscou. « Le Parlement agira demain selon la volonté de la majorité de la population et adoptera la loi en troisième lecture »a déclaré Irakli Kobakhidze, lors d’un discours télévisé.

«Confrontée à des compromis injustifiés et à une perte de souveraineté, la Géorgie partagera le sort de l’Ukraine. Personne en dehors de la Géorgie ne peut nous empêcher de protéger nos intérêts nationaux. », a-t-il insisté, faisant craindre une guerre comme celle entre Kiev et Moscou. Il a également assuré que le vote de cette loi ouvrirait la porte à d’autres textes sur un plan « immigration incontrôlée » ou les droits des personnes LGBT+, dans un pays encore conservateur.

« Loi russe »

Un millier de manifestants, pour la plupart des jeunes, se sont rassemblés lundi soir devant le parlement géorgien contre ce texte vivement critiqué par les Etats-Unis et l’Union européenne à laquelle la Géorgie, ex-république soviétique, est candidate à l’adhésion. . Ce projet a déclenché des rassemblements massifs d’opposition, dont certains ont été réprimés. Les manifestants, qui manifestent depuis début avril, l’ont surnommé le « Loi russe »car il imite la législation utilisée par le Kremlin pour réprimer les voix dissidentes.

« Cette loi signifie que nous ne rejoindrons pas l’Europe »s’est inquiétée lundi auprès de l’AFP Mariam Kalandadzé, une manifestante de 22 ans, ou « C’est quelque chose que j’ai toujours voulu ». Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche, certaines restant toute la nuit pour empêcher les députés d’entrer au Parlement.

Climat de tensions

A l’aube, l’AFP a vu la police arrêter violemment un groupe de manifestants. Les rassemblements se déroulent dans un climat de tension, les autorités ayant prévenu qu’elles arrêteraient les personnes bloquant le Parlement. Depuis le début, les moins de 30 ans sont le fer de lance du mouvement. Mais beaucoup assurent que leurs aînés sont également convaincus.

« Nous avons toujours su que nous faisions partie de l’Europe. Toutes les générations le savent », a déclaré Artchil Svanidzé, un manifestant de 26 ans fier de dire que son père était resté manifester une bonne partie de la nuit. Salomé Lobjanidzé, 18 ans, dit-elle « ravagé » Par la loi. « Si cela passe, beaucoup de gens qui sont ici aujourd’hui partiront » du pays, a-t-elle prédit.

L’Union européenne, qui a accordé à la Géorgie le statut de candidat officiel en décembre 2023, a salué « un engagement impressionnant » des Géorgiens en faveur de l’intégration européenne et a exhorté Tbilissi à enquêter sur les actes de violence signalés contre les manifestants. « Nous condamnons fermement les actes d’intimidation, les menaces et les agressions physiques »Peter Stano, porte-parole du service diplomatique de l’UE, a déclaré lundi.

« Transparence» ou la répression

Si elle est adoptée, la loi obligera toute ONG ou organisation médiatique recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger à s’enregistrer en tant qu’organisation.« organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère ». Le gouvernement assure que cette mesure vise à obliger les organisations à faire preuve d’une plus grande « transparence » sur leur financement.

Le député Nikoloz Samkharadze, du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a déclaré que le projet n’avait aucun « rien à voir » avec la loi russe critiquée, réaffirmant également son attachement à l’adhésion à l’UE. La loi a déjà été approuvée en deux lectures et nécessite un troisième vote. La présidente Salomé Zourabichvili, pro-européenne en conflit ouvert avec le gouvernement, devrait y opposer son veto, mais le Rêve géorgien prétend disposer de suffisamment de voix pour l’ignorer. Le parti au pouvoir avait déjà tenté de faire adopter cette loi en 2023, avant d’y renoncer en raison de rassemblements massifs de l’opposition.

Bidzina Ivanishvili, un riche homme d’affaires considéré comme le leader fantôme de la Géorgie, considère les ONG comme un ennemi interne au service des puissances étrangères. Cet homme, premier ministre de 2012 à 2013 et aujourd’hui président d’honneur du Rêve géorgien, est soupçonné d’affinités avec la Russie, pays où il a fait fortune.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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