Trudeau out ? Sous pression au sein de son parti libéral, le Premier ministre canadien, confronté à la plus grave crise politique depuis son arrivée au pouvoir il y a neuf ans, pourrait démissionner dès ce lundi 6 janvier, selon plusieurs médias du pays. D’après les journaux The Globe and Mail et The Toronto Star, des sources au sein du parti libéral s’attendent à ce que Justin Trudeau se retire en amont d’une réunion nationale de sa formation prévue mercredi. L’officialisation pourrait intervenir dans les prochaines 24 heures, précisent ces sources aux deux journaux, tandis que le bureau du Premier ministre a refusé de commenter ces informations.
Une telle annonce du chef d’Etat aujourd’hui âgé de 53 ans interviendrait, en tout cas, à quelques mois des prochaines législatives qui doivent se tenir d’ici la fin du mois d’octobre.
Après neuf ans au pouvoir, la popularité de Justin Trudeau s’est nettement affaiblie ces derniers mois. Son gouvernement a d’ailleurs survécu de justesse à une série de votes de défiance pendant que ses détracteurs appellent à sa démission. Le chaos règne dans la capitale Ottawa depuis la démission surprise en décembre de la vice-Première ministre, Chrystia Freeland, sur fond de désaccord avec Justin Trudeau sur la façon de gérer la guerre économique qui se profile avec les Etats-Unis. Les déclarations de Donald Trump ces dernières semaines ont aggravé la crise politique canadienne et provoqué une onde de choc. Le pays cherche une parade aux menaces de Donald Trump, qui a promis d’imposer des droits de douane de 25 % au Canada et au Mexique dès son retour au pouvoir en janvier.
Pour éviter une guerre commerciale, Justin Trudeau s’est rendu en Floride en novembre pour rencontrer le Président élu dans sa propriété de Mar-a-Lago. Sans succès. Depuis, Donald Trump, qui prendra ses fonctions de président des Etats-Unis le 20 janvier, a porté des coups humiliants au Premier ministre canadien sur les réseaux sociaux, en prenant notamment un malin plaisir à le qualifier de «gouverneur» du Canada, comme s’il s’agissait d’un Etat américain.
Après près d’une décennie au pouvoir, Justin Trudeau souffre aujourd’hui d’une faible cote de popularité. Il est perçu comme le principal responsable de la forte inflation qui frappe le pays et de la crise du logement et des services publics. A son arrivée en 2015, le monde entier observait pourtant avec intérêt, voire admiration, les premiers pas au pouvoir de ce jeune dirigeant multilatéraliste qui proclamait que «le Canada est de retour» sur la scène internationale.
Fils aîné du charismatique Pierre Elliott Trudeau, ex-Premier ministre mort en 2000, Justin Trudeau a longtemps cherché sa voie : boxeur amateur, moniteur de snowboard, professeur d’anglais et de français… Il se lance finalement sur les traces de son père et entre en politique tardivement en 2007, avant de se fait élire député de Montréal en 2008 puis chef d’un parti libéral en lambeaux en 2013. Premier ministre, il a fait du Canada le deuxième pays au monde à légaliser le cannabis, a instauré l’aide médicale à mourir, une taxe carbone, a lancé une enquête publique sur les femmes autochtones disparues et assassinées et signera une version modernisée de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna).
Si la démission de Justin Trudeau semble imminente, une dernière question demeure : le quinquagénaire restera-t-il le chef intérimaire de son parti ou quittera-t-il immédiatement ce poste et la vie politique.
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