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Le Premier ministre albanais a-t-il qualifié les États-Unis de « l’un des trois maux du monde » ?

Cet article a été publié à l’origine en anglais

Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux prétend montrer le Premier ministre Edi Rama qualifiant les États-Unis, l’Union soviétique et Israël de trois « maux » sur la planète.

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Le Premier ministre Edi Rama est connu pour son franc-parler et ses commentaires alimentent souvent les gros titres et les publications sur les réseaux sociaux.

En 2022,il avait déjà qualifié l’UE de « grand gaspillage et de honte » après l’Union avait gelé les négociations d’adhésion de l’Albanie. Qui peut oublier sa plaisanterie sur le rôle présumé du président russe Vladimir Poutine dans la mort du fondateur de Wagner, Eugène Prigojine ?

De nouvelles affirmations sont apparues selon lesquelles il aurait qualifié les États-Unis de « mal » et de « diable »mais ses commentaires ont été sortis de leur contexte.

Cet article sur X prétend montrer une vidéo dans laquelle Rama discute des trois maux majeurs du monde.

Cette vidéo a été visionnée plus de 4 millions de fois au moment de la vérification des faits et j’étais aimé et rpartagé environ 100 000 fois au total.

La vidéo commence avec Rama décrivant immédiatement les « trois grands démons » : les États-Unis, l’Union soviétique et Israël.

Le message souligne que la vidéo est particulièrement frappante car Rama fait ces commentaires en s’adressant au secrétaire d’État américain Antony Blinken.

Rama poursuit en précisant que ces maux se réfèrent particulièrement à « l’impérialisme américain, au social-impérialisme soviétique et au sionisme juif ».

Oui, il l’a dit, mais…

Le premier ministre a en fait dit toutes ces chosesmais le message sur X contient une vidéo recadrée qui sort ses commentaires de leur contexte.

En fait, il a fait ces remarques en parlant de la vision albanaise des affaires mondiales à l’époque de la dictature communiste, du milieu à la fin du 20e siècle.

Le discours fait suite à une conférence de presse tenue par Rama et Blinken à Tirana, en Albanie, en février, qui peut être visionnée sur la chaîne YouTube officielle du Département d’État américain.

Les propos en question interviennent à la fin de la conférence de presse, lorsque les deux hommes répondent aux journalistes.

Un journaliste note que l’Albanie a reconnu la Palestine en 1988 avant de demander à M. Rama s’il pense qu’une solution à deux États entre Israël et la Palestine est encore possible avec le gouvernement israélien actuel et comment lui et les États-Unis pensent que cela est réalisable.

M. Rama rappelle que lorsque l’Albanie était une dictature communiste, le dirigeant du pays, Enver Hoxha, était l’un des « amis et alliés les plus proches » de l’Organisation de libération de la Palestine.

Durant les années Hoxha, l’Albanie fut d’abord un allié de l’Union soviétique, qu’elle rejeta ensuite ouvertement en faveur de la Chine en raison de sa prétendue incapacité à adhérer aux convictions marxistes.

À l’époque, ce pays des Balkans était souvent considéré comme la « Corée du Nord de l’Europe » en raison de son isolationnisme strict et de sa politique anticonformiste.

Lors de la conférence de presse, M. Rama a déclaré qu’à l’époque le régime albanais était également « très violemment opposé à trois grands démons », avant de citer les Etats-Unis, l’Union soviétique et Israël.

Il a ensuite décrit comment l’Albanie accueillait et protégeait les Juifs fuyant l’Allemagne nazie.

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L’Albanie est également le seul pays européen où la communauté juive était plus nombreuse après la Seconde Guerre mondiale qu’avant les pogroms et l’Holocauste.

M. Rama confirme qu’il considère toujours la solution à deux États comme la seule possible pour Israël et la Palestine, mais il note que cela nécessitera une énorme volonté politique et des réformes de la part des pays concernés et de la communauté internationale.

Il termine en disant qu’il n’envie pas du tout la position de Blinken, adoptant un ton amical qui confirme les relations positives de son pays avec les États-Unis – qui sont loin de les considérer comme « méchants » ou « diaboliques ».

Sources supplémentaires • adaptation : Serge Duchêne

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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