L’imam Ismaïl, de son vrai nom Smaïn Bendjilali, avait été interdit de conférences à plusieurs reprises par des ordonnances confirmées devant le tribunal. Il devait s’exprimer ce lundi, dans un lieu tenu secret, sur le thème du « vivre ensemble ».
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a relayé sur Twitter un arrêté de la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, pris sur ses instructions, interdisant la tenue d’une conférence de l’imam Ismaïl à Marseille ce lundi soir. Cette conférence annoncée sur les réseaux sociaux devait porter sur « vivre ensemble » et être détenu dans un lieu secret. L’imam Ismaïl a fait l’objet d’interdictions de conférence à plusieurs reprises dans le passé, prononcées par des arrêtés municipaux confirmés par la justice administrative.
L’arrêté de la préfecture de police de Marseille fonde sa décision sur le fait de considérer que l’imam « constitue l’un des points d’ancrage régional du mouvement islamiste » Et « diffuse régulièrement une conception fondamentaliste, littéraliste et orthopraxique de l’Islam légitimant la charia ». Et lui reproche, pêle-mêle, ses positions sur l’infériorité des femmes, la polygamie, l’obligation du port du voile, ainsi que son soutien au Hamas après le 7 octobre.
Le préfet dit craindre qu’environ 300 personnes participent à cette conférence, et invoque un risque de trouble à l’ordre public.
Abandonner la prière islamique serait plus grave que commettre un meurtre
En plus d’avoir longtemps fréquenté la mosquée As Sounna (qui a été administrativement fermée par le préfet des Bouches-du-Rhône), l’imam Ismaïl, de son vrai nom Smaïn Bendjilali, a longtemps été considéré comme l’un des prédicateurs du salafisme à Marseille. Il jouit d’une certaine influence auprès de son « institut du bleuet », et il est suivi par plus de 120 000 personnes sur Facebook. Il s’est notamment fait connaître en 2023 à travers une polémique : il affirmait dans un sermon filmé qu’abandonner la prière islamique était plus grave que commettre un meurtre.
Dans une vidéo, il déclare que « quand tu ne t’es pas levé ce matin pour la prière (…), dis-toi que ce péché, les sahabas se sont posés la question : est-ce le plus grand péché qui ne quitte pas l’Islam, plus grave que d’avoir tué une centaine de personnes, que d’avoir consommé de l’alcool (…) que d’avoir déclenché je ne sais combien de guerres ?. Il ajouta: « Allah nous dit, même lorsque vous êtes en guerre et que l’épée passe au-dessus de vos têtes, vous accomplissez la prière de cette manière ». Il a confirmé sa position dans un tweet, supprimé depuis.
« Il est interdit de montrer les cheveux d’une femme »
Des mots que l’imam « ne conteste pas à la barre, déclarant seulement qu’ils ont été sortis de leur contexte », a constaté le 17 février 2023 le tribunal administratif de Nîmes, saisi d’un appel de l’avocat de l’imam, Me Sefen Guez Guez. Le tribunal avait, tout comme celui de Grenoble quelques jours plus tôt, confirmé la validité de l’arrêté pris par le maire de Brétigny-sur-Orge. Le juge a notamment rappelé plusieurs propos tenus par l’imam dans ses sermons : il a affirmé par exemple que« Il est interdit de montrer les cheveux d’une femme sur les réseaux sociaux »ou même ça « Pour épouser une femme, il faut avoir l’accord du tuteur, qui est le père de la fille, ou celui qui représente le père, ou le grand-père paternel, ou le fils de la femme, ou son frère, ou son père paternel. oncle, ou l’imam de la mosquée ».
Ces propos, a observé le tribunal, « constituer une incitation indirecte à la violence et méconnaître au détriment des femmes le principe constitutionnel d’égalité à travers le développement d’un discours systématique sur l’infériorité des femmes, théorisant la soumission des femmes aux hommes et sous-entendant que les femmes ne peuvent bénéficier des mêmes libertés ou les mêmes droits que les hommes.